lundi 29 décembre 2008

Maïeutique annuelle




Désirante. Ce participe présent existe-t-il ? Sinon, tant pis, je suis prêt à l'inventer pour le temps de l'étreinte, que je conjuguerais à tous les modes.

Alanguie.

Offerte.

Préparée...

Attentive, sachant son heure proche...

Effeuillée, mais pas trop.

Déshabillée, mais pas tant.

Encore protégée.

Mon maître Pierre Desproges disait que le porte-jarretelles donnait à l'amour comme un parfum d'interdit. Et la transgression n'a de sens que lorsque l'interdit est grand.

Des rubans rosâtres pour tenir les bas noirs et contenir les apparences qui subsistent encore... Une culotte diaphane, mais pas trop, pour cacher ce qui va être montré dans quelques instants. L'étreinte est un jeu de faux-semblants.

Entre interdit et apparence, entre réalité et mirage, entre grain de peau et grain de photo, entre pellicule et image imprimée dans une rétine, l'étreinte est va et vient. Déjà, avant même de commencer.

Et l'étreinte se joue des géographies. Pourquoi toujours commencer dans un lit ? La surface horizontale affaiblit l'amant, le borne, lui qui ne demande qu'à être libéré, à défaut d'être libre.

Et l'étreinte se prolonge dans le souvenir, et dans les images. Elle est passé et futur, elle se rit des modes et des temps.

En souvenir d'une étreinte passée, je vous souhaite, amies lectrices et frères lisant , une année riche en étreintes rêvées et réelles. Une année en maïeutique mais tissée dans une toile érotique.

Qu' Eros soit vôtre...

jeudi 25 décembre 2008

Juste quelques mots

Un petit message entre vaux et monts.

Joyeuses fêtes à tous, si vous fêtez ces moments.

A bientôt.

Baisers

jeudi 27 novembre 2008

Absences...


Demain, je franchirai à nouveau une mer, cette fois réduite à un bras étroit, celui que l'on appelle... la Manche...

Je retournerai à Londres, ville où j'ai vécu, il y a bien longtemps...

Londres n'est pas une ville romantique, comme peut l'être Paris ou Helsinki.

Londres est toutefois une ville faite pour les yeux masculins...

Les jupes si courtes que l'on croirait des shorts, des shorts si longs que l'on croirait des mini-jupes, des collants de toutes les couleurs, montrés jusqu'à la démarcation, les corsages éventrés sur des soutien-gorges de mauvaise qualité, les chaussures à talon bariolées, les tailleurs stricts de la City, les vêtements cold-wawe de Soho, les bottes et les jupes sages de Hampstead, les porte-jarretelles des policières de sa Majesté, les regards plantés droits dans les yeux, les cohortes de filles sortant bras-dessus dessous et riant comme des perruches (assertion contestable sur le plan animalier), les mêmes filles qui vomissent dans les toilettes la tête penchée sur une cuvette souillée et dont on voit l'absence de culotte, oubliée par terre, après une étreinte rapide avec le blondinet pectorisé... Les ladies toujours élégantes, même septuagénaires...

Pour tout cela et plus encore, Londres est une ville pour l'homme.

Et surtout pour l'homme du continent.

Le Français embrasse. Chacun d'eux est un ambassadeur de cette exception française, la seule qui vaille...

Le baiser...

Pour les baisers passés que j'ai donnés et pour ceux désormais que je ne donnerais plus en terre angloise...

Un refrain, un ostinato...

Comme le chantent les Clash, London's calling...

See you then...

jeudi 20 novembre 2008

Instantané d'urbanité, opus 1.





Jeune femme bien sage...
Les jambes plantées dans la toile sauvage,
Dardant effrontément ses fesses,
Sans retenue, comme un balancier plein d'ivresse,

Jeune femme si sage...
L'es tu vraiment, derrière ton image...
Sac déjà démodé... Mais dans la tendance...
Pour jouer sur la gamme des apparences...

Jeune femme peu sage...
Tu balances et du dos et du corsage,
Pleine d'urbanité et pourtant... si sauvage,
Tu les tues, tu les blesses, tu les outrages,

Jeune femme non sage...
Ce matin, comme un mirage,
Tu es apparue dans la rue, floutée
Brouillée, déjà réduite à une pensée...

mercredi 19 novembre 2008

Une parcelle de féminité

ll pleuvait hier soir sur Paris... Une pluie fine, doucereuse, qui dessinait des filaments et des étoiles dans les cheveux longs des femmes.

Je me suis laissé bercer par ces filaments, nouvelle toile, aux mille Pénélope. J'ai éteint mes yeux, et laissé mon sens olfactif s'emparer de ma raison. Commencer par où on n'a jamais commencé, comme écrivait Baudrillard.

Celle-là, a une odeur fade, jupe courte, collants opaques, bottes quelconques, parfum à la mode, sans attraits aucuns. Oublions là. Une odeur de bazar, d'estaminet, de discothèque, tout y est fallacieux, controuvé, sans individualité.

Celle-ci, est assise, sur des talons hauts, vernis, dont le noir lance des reflets et des aiguilles dans le coeur des hommes sensibles. Ses jambes sont entrouvertes, juste assez pour que le curieux ou l'obsédé voit qu'elle ne porte pas de collants. Elle se grise des regards masculins, s'en repaît. Elle sent la sueur, désagréable sensation, cette obstination de séduire à tout prix, toujours et encore, de chercher dans le regard des hommes l'antique phrase du miroir "dis-moi que je suis belle, dis-moi..." Même son odeur dit le mensonge et l'artifice.

Une autre odeur, plus jeune, plus forte, étrangère, africaine, là où les cornes de gazelle sont des pâtisseries qui éveillent le désir. Elle dispense une odeur puissante, musquée, comme un parfum orageux. Elle regarde par en-dessous, timidement, comme par accident, et son odeur danse comme un fantôme... Celle-là, l'homme qui l'aimera aura beaucoup de chance.

Un nuage de Chanel n°5, une odeur ancienne, dépassée, où l'âge dispute à la fragance, les volutes qui s'échappent de son lourd manteau sont comme les rides qui déchirent son visage. Un cri de détresse, un appel ultime, un souhait qui lentement meurt de ne pas être exaucé. L'odeur d'un tombeau qui lentement se renferme, vieux parfum dans un vieux flacon...

Un souffle de Guerlain, et la chanson de Gainsbourg souligne les vapeurs répandues, comme une invitation. Mais laquelle choisir ? Cette saveur a mille voix, "Je t'aime moi non plus!", "sex-shop", "requiem pour un con", "sex on the beach"... Un parfum juke-box, mais on entend aussi dans ce parfum, on sent aussi et surtout "que l'amour physique est sans issue..."

Et celui-là, celui-là, oui, celui-ci, qui fait tourner la tête et le nez, qui l'envahit, qui le submerge, qui le noie pour mieux le libérer et le faire renaître, ce parfum à nul autre pareil, ce parfum, terrien, insulaire, azuréen et âcre comme une insulte, un parfum qui prend, dont on s'éprend, celui du désir. Il est caméléon ce parfum, se cache derrière tant de vagues qu'il en devient incertain. ô compagnon infidèle; quand te sentirais-je de nouveau ? Quand feras-tu de moi ton hilote ou ton zélote ? Juste une fois, encore une fois, une véritable fois, une fois encore, rien qu'une fois, pour sentir, pour se ressentir ?

Et tant d'autres encore, tant de parfums, d'odeurs, qui tous disent que la femme est un parfum...

Parfum que bien des hommes ne posséderont jamais.

On peut être aussi un témoin olfactif...

samedi 8 novembre 2008

Un fruit, pas encore un dessert...

Hier soir, nous sommes entrés dans l'antichambre du Temple, la salle d'attente qu'est une synagogue.

L'audience était nombreuse. Il y avait longtemps que je n'y étais allé. A mes côtés, une jeune fille, une jeune femme. Vêtue comme elles le sont toutes aujourd'hui. Des bottes, des collants noirs, un short, un haut laissant entrevoir la vallée de sa poitrine, et dont le sillon était souligné par un pendentif en forme de tête de chat...

Elle était assise, un peu empruntée, un peu perdue. Son manteau largement ouvert sur ses jambes délicieuses, et dont le short laissait entrevoir presque tout le fil...

Un fruit, pas encore un dessert...

Une rose, pas encore prisonnière d'un vase, ni d'un bouquet...

Un fruit que l'on regarde sans envie, pour sa couleur, sa fraîcheur, sa texture, juste pour son caractère esthétique...

Un fruit, pas encore un dessert...

Ses jambes qui se croisaient et se décroisaient, son sourire timide...

Un fruit, juste un fruit...

Dans le lieu sacré, je me suis allé à des pensées profanes, sans explications préalables. Je me demandais si ses collants pourraient retenir le désir que je ferais sourdre en elle, par des petits mots griffonnés sur des papiers, comme au temps d'avant... Ou le laisserait-elle jaillir en ouvrant l'écrin de ses cuisses, comme un compas sur ses bottes ?

Le rouge mordrait-il ses joues ? Verrais-je le carmin envahir ses joues et se disputer avec leur rose ?

Un rai de lumière irait-il frapper sa chevelure cuivre et sa peau laiteuse sous le feu, sous le brasier de mon regard chavirant de désir ?

Serait-elle amusée de ces pensées dans un lieu sacré ? Ou indignée et en colère ?

Que ferait-elle sous le manteau de mon désir ? M'embrasserait-elle de suite dès la sortie pour consommer la réalité des mots même pas échangés ? Devrais-je être un pédagogue du baiser français, les jeunes aujourd'hui, ne savent plus guère embrasser...

Juste des pensées...

L'office est passé, vite, comme un éclair...

En se levant, elle m'a regardé et m'a dit "merci..."

Un fruit, pas encore un dessert...

Un fruit, pas encore un dessert, mais avec le goût du miracle...

dimanche 2 novembre 2008

Être...

Être...

Je suis une femme. Une femme qui est soumise à un instant, à ce moment, à ce temps, le temps de l'amant...

Enfiler une paire de bas noirs, aux larges jarretières de dentelle, signées d'un grand couturier.

Glisser dessus une étoffe légère, qui colle comme une seconde peau.

Être prête à muer pour son amant et s'en débarrasser vite, d'un geste précipité, comme si sa vie en dépendait.

Ne rien porter en bas, et lui avouer.

Qu'il sache, qu'il le sache sur le quai en m'attendant, qu'il me regarde, comme la passante de Baudelaire, balancer le feston et l'ourlet, et savoir qu'en haut de ces bottes noires qui montent haut, il n'y a aucune frontière, aucune limite, aucun obstacle à ses mains brûlantes ou à sa langue agile...

S'interroger. Pourquoi ne regarde-t-il pas mon ventre nu, ou presque ?

Se torturer. Pourquoi est-il distant ? Qu'ai-je fait, qu'ai-je bien pu dire ?

"Mais pourquoi sourit-il ?"

Marcher lentement dans les rues de cette ville, s'asseoir dans cette voiture aux larges sièges, remonter, comme par erreur, cette robe si légère.

Lui laisser entrevoir la naissance de ces bas, qu'il aime tant et que j'ai enfilés pour lui.

Attendre, espérer, croire en sa main sur mes cuisses. Implorer sa main.

Avoir son désir comme seule divinité.

Devenir une mécréante, sa catin, sa courtisane, sa communiante, sa catéchumène...

Sacrifier à son panthéon, s'offrir à son sacrifice.

Me laisser aimer dans l'escalier comme une femme par un soudard.

Me laisser clouer contre la porte d'entrée, sentir sa main soulevef ma cuisse, et avoir le souffle coupé quand il m'investit de son désir, un sourire aux lèvres, tandis que je ne suis plus qu'un souffle.

Me laisser aimer, d'un seul trait, d'un seul jet et recueillir sa jouissance comme un trophée.

Lui offrir la mienne comme un cadeau. Maintenant ou plus tard.

S'écrouler ensuite à terre, comme un chasseur blessé, comme l'Adonis de la Diane que je suis, même si c'est moi qui saigne...

Être sa femme à lui, dans des heures verticales, dans des heures horizontales, dans ces heures lucioles...

Être...

Être. Être une femme... Être cette femme...

mercredi 22 octobre 2008

Dans un train...



Le train est propice à bien des instants érotiques.

Des rencontres, parfois, mais aussi des occasions de rencontres, que l'on laisse avortées, que l'on laisse s'amorcer et s'étioler, car on ne sait pas, on n'est pas sûr de les lire avec le bon dictionnaire.

Dans un train qui m'emmenait dans une cité ligérienne, une femme, dans la plus belle expression de la maturité, qui rend les femmes aussi exquises qu'un fruit interdit. A côté de moi, dans ces sièges de premières que la Sncf qualifie de solo...

D'emblée son regard s'est attaché à moi, peut-être, sans doute parce que nous allions au même endroit, à la même manifestation.

L'attirance ou la séduction peut naître d'une communauté d'intérêts réduite à une destination identique pour des activités similaires.

Alors que le train parcourait sous un soleil doux la campagne francilienne, elle s'est tournée vers mon siège, tout en en travaillant à son intervention future et proche.

Ce faisant, elle m'offrait le panorama de ses jambes gainées de collants chair, et devant moi, tout en sachant qu'elle était observée, elle croisait et décroisait les jambes, m'offrant parfois le spectacle d'une vue encore plus profonde...

Sans un mot, juste de temps en temps un regard un peu appuyé, juste un peu...

Le voyage est vite passé...

J'ai gardé en cette journée longtemps en moi l'image de ces jambes dévoilées et décroisées... Une image douce et fugitive...

Merci madame de cet instant privilégié.

vendredi 17 octobre 2008

Retour...

Désolé de ce silence, une mission dans les terres de l'est, où les femmes sont blondes comme les blés, et dont les yeux ne cillent pas quand elles croisent un homme qui a leur faveur et leur ferveur.

La vie orientale a toutefois son rythme que le pauvre Gaulois que je suis ne supporte qu'à doses homéopathiques. Alors, avant de reprendre la plume, un peu de vert et de repos dans la campagne sauvage et dépeuplée...

Bien à vous, vous qui venez ici...

lundi 29 septembre 2008

A une passante...

Il est des histoires d'amour que l'on ne commence jamais et qui pourtant, ô paradoxe, ne se sont jamais terminées. Elles vivent encore en nous et brûlent d'un feu inextinguible.

Je me souviens de plusieurs d'entre-elles. C'est un peu l'histoire de toute ma vie, ces histoires jamais commencées et qui auraient changé ma vie et les autres commencées que je n'aurai jamais dues entamer.

Je me souviens de ce métropolitain qui me transportait vers le Cinquième.

Je me souviens du livre que je lisais.

Soudain, un regard, sur moi. Comme une presse.

Je lève la tête, regarde et découvre un adorable condensé de féminité devant moi de l'autre côté de la porte coulissante, qui me sourit de ses yeux lumineux.

Je me retourne, pour voir qui est l'heureux(se) élu(e)...

Derrière moi, personne...

Je me retourne, toujours ce sourire, et tout en me regardant, elle fouille dans son sac et sort un livre...

Le même que le mien...

Il y avait bien peu de chance de rencontrer quelqu'un possédant ce livre là, d'un auteur peu connu, publié dans une maison confidentielle.

Presque aucune...

Le métro s'est arrêté, elle s'est levée, toujours souriante, je n'étais plus qu'une théorie de particules éparses, décomposées, en pleine accélération dans le synchrotron de ses yeux.

Ses yeux n'ont pas quitté les miens...

La porte s'est refermée, le métro s'est ébranlé...

Je ne l'ai jamais revue.

Et pourtant, en moi, son souvenir encore résonne, comme pour bien peu de personnes.

"ô toi que j'eusse aimée, ô toi, qui le savais..."

mercredi 24 septembre 2008

Si...

Si j'étais Gepetto,
Je ne serais toujours pas bien beau,
Vieilli, le dos lourd, les mains usées,
Le visage buriné mais toujours bronzé...

Avant la venue de la maîtresse, je parfumerais mes lèvres à l'Amaretto,
pour donner à mes baisers une saveur sucrée et capiteuse, un parfum nouveau,
qui ferait renaître en la femme mûre et volage,
l'enfant d'avant, si timide bien que peu sage,

Je choisirais le meilleur cuir, la plus belle soie,
L'amour crée certes des liens,
Je préfère les miens...
Je la lierais à mon lit, à un escalier, jamais à moi...

La fenêtre de mon atelier serait ouverte,
A la nuit, tes suppliques seraient offertes,
Et le bruit de nos émois donnerait à la cité,
Comme un parfum sauvage et épicé...

Elle serait alors une égérie, un modèle, un repoussoir,
Pour celles, les autres, les délaissées, les oubliées, les niées,
Elle serait une invite à reprendre la liberté,
L'étreinte n'est ni une ergastule, ni un mouroir...

Son corps, son visage, seraient mon établi,
La moindre de ses aspérités, ses creux, ses plis,
S'offriraient aux coups de mes savants outils,
Et j'aurais du coeur à l'ouvrage, amie...

Je commencerais par là où on n'a jamais commencé,
Son bas droit serait le gant de ma première caresse,
Et puis, souillé de ses flux sacrés,
Je l'enfilerais à nouveau sur sa cuisse avec tendresse...

Je laverais sa toison avec mon meilleur lait, avec les plus grands vins,
Pour goûter le mélange inconnu du profane et des catins,
De son odeur et des liquides agricoles,
Pour ensuite, Barbare, Indien, la souiller de mon sperme frivole...

Qu'écrire du creux de ses reins ?
Aucun chemin n'est étranger à mon apostolat,
Et il est tant, et temps de lustrer de mes lèvres magentas,
Ce pli intime, ce pli étroit, ce creux souverain...

Hélas... Déjà la raison reprend ses droits. Jamais elle n'abandonne,
Et les heures sages leur chant déjà entonnent
Tu n'es pas Gepetto...
Il te manque une Pinocchio...

dimanche 21 septembre 2008

D'Eros à Morphée en terminant par Esculape

Elle dormait.

Moi, je ne dormais plus.

Je me sentais religieux. Je me sentais habité...

J'avais envie de rendre un culte, mais pas à Morphée. J'eusse voulu une autre divinité. Vu mon désir, en effet, Eros me semblait plus approprié.

Elle dormait, du moins, c'est ce que je croyais.

Je me suis approché de son dos, pour me serrer encore plus fort, juste pour savourer le plaisir d'être contre son corps nu.

J'étais tout contre elle, un amant alerte contre sa maîtresse assoupie. Paradoxe nocturne que l'amour pourtant interdit.

Soudain, j'ai senti une de ses mains, prendre mon désir et le guider en elle...

N'était-ce donc pas moi qui dormais et qui rêvais ?

Elle était brûlante, humide, elle m'attendait.

Sans un mot, nous avons commencé notre ronde, sans tendresse, avec fureur, pris par une vigueur animale.

Par le vecteur des élans, elle s'est retrouvée rapidement, perpendiculaire à moi. Nous n'en eûmes cure. Euclide était oublié. Qu'eût-il pu faire devant la force de nos élans et ma main qui agrippait son flanc ? Dans cette tempête, il me fallait bien m'accrocher. J'étais à la fois le radeau et la vague.

Soudain, elle m'a rejeté comme un fétu de paille.

Je me suis retrouvé sur le flanc, comme une bête blessée, mugissant de la douleur causée...

Elle s'est agenouillée. Je compris le message. Je l'ai investie, ainsi, avec une force nouvelle.

Toujours aucun mot, seul l'écho de nos élans.

De plus en plus vite, de plus en plus fort, le lit bougeait avec nous, les draps étaient repoussés...

Tout à coup, elle m'a demandé, elle a exigé, puis, elle a supplié que je jouisse en elle au même-moment qu'elle.

Parfois, j'avoue, je sais être un bon génie. Son voeu fut accordé...

Notre pyramide s'est alors écroulée, elle s'est retournée sur le flanc, comme une bête blessée, à son tour, nos souffles encore hachés.

Nos épanchements intimes avaient suscité des flux qui s'écoulaient libres, encore vivants, tachant les draps après avoir souillé nos deux corps où ils étaient nés.

Ma main reposait sur son ventre, elle tremblait, j'avais chaud.

Nous nous sommes endormis de suite, dans les vapeurs d'Eros, qui toujours, une fois consommées, appellent l'éther de Morphée...

Au matin blême, une pensée troublante, une charmante interrogation... Avais-je rêvé ?

dimanche 14 septembre 2008

J'ose l'émasculation

Et si je m'émasculais...

Et si la prochaine fois, la fois prochaine, d'une main cruelle, d'une main souveraine, je m'émasculais...

Et si je retranchais de moi cette partie qui me fait irrémédiablement homme,

Et si eunuque je devenais, le temps d'un rendez-vous, (rassurez-vous, je ne suis pas encore devenu fou)

Quel beau défi ce serait ! Et pour combien d'hommes une aporie ?

Car j'ai envie de t'aimer sans céder à cette partie de moi, celle qui est mâle. J'ai envie de t'aimer comme le ferait une femme adepte de l"amour qui n'ose dire son nom", sans artifice, ni artefact, ni objet, sans rien d'autre que ce que la nature m'a donné.

T'aimer avec cet arsenal...

T'aimer avec cruauté, car je serai cruel, car blessé.

Ma langue en te caressant ne t'accordera pas le déchirement du plaisir ultime, elle s'arrêtera à temps, ton souffle et ton ventre me le diront, car toujours, sous mon emprise, ils te trahiront, comme ils t'ont trahie...

Je jouerai avec ton bouton, de mille façons, mais surtout de cette façon-là, qui était inconnue de toi, en l'aspirant comme si je voulais l'extirper pour l'avaler et le conserver au plus profond de moi. Je le titillerai, de haut en bas, il sera parcouru, gravi, dix fois, quarante, cent fois, je l'apaiserai, immonde que je serai, de mon souffle, ou je t'aimerai alors de mes yeux...

Je te caresserai comme un païen une idole adulée, de mon regard de profane, de mes yeux de mortel,

J'imprégnerai mon nez de tes parfums, tous, les plus intimes, cette odeur marine, mais aussi les sucs qui s'écoulent sous tes bras, l'eau qui fuit de tes lèvres pétries au four des miennes, tes lèvres seront une farine, mes lèvres seront ton levain.

Et mes doigts et mes mains ne seront pas délaissés, je te les laisserai. Je t'investirai dans tous tes orifices, l'envers et l'endroit, pour te faire chevaucher les destriers du plaisir, et au dernier moment, ma chérie, ils te désarçonneront, tu ne connaîtras la dernière ruade que lorsque je l'aurai décidé. L'eunuque dispose de la reine douairière, relis l'histoire de Chine.

De ton corps brûlant, mes mains souligneront ta géographie. Ils se feront voiles, ils deviendront étoffes, ils seront pinces. Les pics de tes seins n'échappera pas à leur tenaille, tu crieras, en vain, la castration s'accompagne d'une perte de l'audition, tu ne le savais pas, lis donc sur mes lèvres, plus proche, plus près...

Et quand tu ne seras plus qu'une voix, qu'un feu, qu'une supplique, qu'une demande, quand tu seras à genoux, quand tu m'imploras, quand tu me prieras, peut-être, peut-être que tu auras la communion...

jeudi 11 septembre 2008

Les écrins de prose

Je me souviens de la première fois.

Je quittais le collège, elle devait y rester encore une année.

Elle portait, comme prénom, le nom d'une cité de Toscane. Moi qui goûte peu à l'Italie, cela sonnait comme un défi.

Elle était toute imprégnée de cette origine italienne. Un blond que l'on dit vénitien avait, un jour péninsulaire, trempé ses cheveux. Une blancheur de lait calabrais donnait à sa peau un air de parchemin. Et elle portait un nom de Toscane...

J'étais terrorisé, ce jour-là. Elle, très assurée, sereine car certaine.

Je me souviens de tout, comme si c'était maintenant.

Le canapé, des baisers, des baisers. Et puis, elle se lève, sa main tirant la mienne, nous emmenant dans sa chambre d'enfant. Sa jupe verte, à terre, ses collants noirs qu'elle a gardés, le temps que nous nous sommes restés allongés, pour poursuivre nos baisers, son petit pull noir, son soutien-gorge couleur chair, sa culotte en coton blanc...

Aucune tenue pourtant ne m'a jamais autant bouleversé que celle-là, dépareillée, quotidienne, ordinaire, des écrins de prose, moi qui rêvait, déjà, d'étoffes de poésie. J'aurai dû lui voler ces écrins de prose, pour les garder à jamais, dans un cahier de collège, coincés entre deux pages surchargées d'encre violette.

J'ai... non, nous avons retiré ses collants, un peu humides, à un certain endroit, puis ce morceau de coton, qui l'était beaucoup plus, elle m'a attiré en elle, avec un sourire, qui aujourd'hui encore me brûle le coeur, comme un tison ardent la plaie imposée par la tarentule insulaire.

Je me souviens de cette brûlure, de cet étau, de cette chaleur qui m'a envahi, comme transpercé. Je me souviens avoir pleuré. Je me souviens qu'elle m'a serré plus fort, en se taisant, il est des joies orphelines qui ne demandent que le silence.

Je me souviens de ces yeux emplis de moi, tandis que je la comblais de mon désir pour la première fois rangé, où l'anatomie le prescrit. Je me souviens qu'elle m'a dit "il faut bouger", j'étais comme paralysé par le venin de ses yeux, par le poison de son corps. Elle était vraiment florentine, une vraie Borgia.

Dans mon esprit masculin, j'ai retrouvé la mobilité. Je n'ai jamais su si elle avait du plaisir, le vrai, le souverain. Je me souviens à peine du mien. Etait-ce si important ? Ne devions-nous pas nous contenter de l'étreinte ? Je n'en ai jamais rien su, ni avoir jamais rien lu à ce sujet.

Mais, je me souviens d'après.

Car c'était bien, sur le canapé, à goûter des gâteaux sucrés, en buvant une boisson chocolatée.

L'homme, à peine né, ne veut pas quitter l'enfance.

Et pourtant, ce chocolat ne m'a jamais ramené à ce temps-là, ce temps d'avant, quand j'étais au seuil de sa porte, au seuil de ma naissance masculine, elle, qui était déjà une femme...elle, qui m'a fait homme...

mardi 9 septembre 2008

Chasseur de désir

Bien sûr, il faut parfois oser l'indécence.

On peut, on doit, on va, on a joué avec l'indécence. Parfois, souvent, elle est venue en transparence. Sans rien dessous, sans aucune étoffe, ni voile léger, ni même une gaze diaphane, aussi congrue que la moralité qu'il subsistait en son esprit.

Bien sûr, quand la main rencontre sans obstacle le creux intime, la toison adorée, on se sent Jason, on se sent vainqueur, et souverain. Bien sûr, l'émoi est grand, évidemment, l'invitation est plaisante.

La savoir offerte, déjà ouverte, prête à tout, y compris à se laisser investir, d'un trait, d'un coup, d'un seul, d'un jet d'archer, dans l'ascenseur, au pied de l'escalier est divin...

Bien sûr...

Mais j'aime autant le contact de ma main sur un voile qui protège à peine et qui renseigne beaucoup. Je me souviens d'un short diaphane blanc, quelques grammes de soie à peine, sous sa robe noire.

Après tant de baisers et de caresses, ma main est venue la toucher cette étoffe. Elle était toute humide, toute perlée de ce désir qui répandait des parfums comme un encensoir, comme un calice. Ce calicot appelle le sacrifice, la communion.

Et continuer alors à caresser en la pressant, en la parcourant, tandis que les flux ainsi nourris transforment la soie précieuse en un torchon, en une ficelle infâme et laide, qui se tord, qui se fiche dans la faille béante.

Les doigts sont parfois un bien mauvais couturier qui, du noble tissu, font un haillon.

Tandis que le désir dévaste cette digue de convenance comme un cyclone une butée de la Nouvelle-Orléans, le désir y creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et alors que nos mains affaissent, enfin, cette digue, et qu'elle s'écroule alors, mouillant à son tour la cuisse de celle qu'elle était censée protéger...

Et prendre d'une main conquérante ce vestige, ce bout de rempart, ce morceau souillé et sali, le renifler, l'hûmer, s'en imprégner et déposer comme un hommage sur les lèvres de celle qui le portait, il y a encore peu...

Non, mesdames, de temps en temps, souvent, s'il vous plaît, gardez ces attributs...

Ils sont comme nos trophées. En tout homme sensible réside un chasseur de désir...

lundi 8 septembre 2008

Comme un écho...

Tu étais dans ce café, devant moi, au fond.

A nos côtés, des Espagnoles.

Un café étroit, parisien, avec des serveurs en livrée.

Tu étais devant moi. Au fond une de ces horribles télévisions, branchée sur une chaîne cablée. Des images pré-digérées. Quelle idée incongrue un tel objet en un tel lieu.

Tu avais caressé ta peau d'un autre parfum. Un parfum, lourd, chargé, capiteux. Tu es une femme, tes essences sont ainsi.

Tom W. n'était pas là, et pourtant, je l'ai vu, sur un piano, avec un bourbon du Kentucky, en train de jouer pour toi et moi.

Sa voix cassée, seule, pourrait chanter notre amour.

Tu étais devant moi, belle comme toujours.

Un cadeau pour moi, qui ne suis que quelconque...

Tom sait ce que c'est, d'aimer quand on n'est pas digne d'un album photo, quand le photographe sur nous jamais ne s'arrête. Il sait ce que c'est. Et c'est pour cela qu'il jouait ce soir là, pour toi et pour moi.

Tu étais pleine de beauté. J'étais ivre de ta beauté. Je caressais ta cuisse sous la table, imperméable au monde et à ses conventions étriquées, et à tes préventions aussi.

Soudain, la raison, ta compagne, notre ennemi commun, a abandonné (un jour celle-là, je la tuerais, d'un coup, d'un seul, avec un glaive rapide, ou un poison perfide ou un mot livide, je ne sais encore...) et ta cuisse s'est rapprochée.

Ta peau douce, ton souffle haché, soudain, tu ne disais plus rien, les yeux grands ouverts, ma main qui te parcourait, tu ne disais plus rien.

Ma main jouait avec l'ourlet, avec le haut de tes bottes, avec le feston et l'ourlet et se laissait griser de la caresse de la gaze de cette étoffe légère sur ma peau et du contraste de ce voile avec la chaleur de ta peau.

Soudain, je t'ai serrée, fort, en haut des cuisses...

Tu as eu un hoquet, comme affolée...

Tu étais à moi, en cet instant...

Ton désir, sans doute, coulait, déjà...

Tes lèvres étaient plus roses, indice qui ne trompe pas.

Et là, d'une voix chargée, tu as appelé l'amant en moi... la prochaine fois que Paris m'accueillera...

Comment ne pas entendre encore aujourd'hui, moi qui ait franchi la Seine et tant de cours d'eaux pour rentrer chez moi, ce voeu ? Comment pourrai-je oublier ce cri animal ?

L'écho me tourmente. Tu as forgé de ta voix le golem du désir souverain...

Son heure approche...

vendredi 5 septembre 2008

Un soir avant un jour

Il meurt des ombres, il naît des nuits
Au long des nuages noircis...

Ainsi parlait le poète.

Je contemple la ville, endormie, du haut de ma terrasse. C'est le temps de l'étreinte et je suis seul. Mon grand lit est vide, la couette américaine, née en Nouvelle-Angleterre, n'abritera pas ce soir des corps rompus. Mon alcôve est déserte et désertée.

Et pourtant, tout est prêt. Je connais tous les sortilèges, tous les artifices.

Je sais choisir le vin idéal, je sais quelles bulles faire mourir dans ton gosier pour que tu deviennes une louve, une courtisane, une odalisque et au final une catin.

J'ai appris, par le Vénitien, l'effet secret des coquilles qui portent un nom de Saint et les vertus de leur jus marin.

Je sais comment te faire pâmer. J'ai su comment faire naître en toi un doux, un fort, un fol vertige, pour que toujours tu me reviennes, pour t'y abandonner avant de m'abandonner, encore une fois... J'ai aimé sous bien des latitudes, y compris dans la lointaine Asie. J'ai aimé dans le désert, j'ai adoré une jeune mariée dans les terres gelées par les grands froids, j'ai aimé sous une kippah, j'ai aimé kosher, j'ai copulé aussi, je l'avoue, sous un rite orthodoxe, là-bas, dans les terres soviétiques.

De l'amour, j'ai connu toutes les géographies et j'en sais bien des histoires. A qui les raconter ?

Sur quelles cartes tracerai-je de ma main usée les chemins, les fleuves, et les vastes plaines qui toujours meurent dans ce delta-là, croqué par Picasso ?

Mais tu n'es pas là. Et tu me manques.

Tu me manques et tu me déchires, par ce silence coupable.

Je sais que dimanche, je te verrai. Ce sera un lieu public.

Il y aura des tableaux, je ne les aime déjà pas, voir ces femmes nues, mortes déjà depuis des siècles, mais encore adulées par des Japonais curieux et flattées par des Parisiens qui se piquent de culture. Je ne suis pas nécrophage. Olympia n'habite pas là. De surcroît... Les madones sont des vierges, elles ne m'attirent pas ces femmes-là. Les nymphettes, les minettes, les déesses, les plantureuses de Rubens ne me font aucun effet. Je serai impuissant dimanche devant ces beautés de vignette, ces femmes à plat.

Oh, certes, devant les lions de Babylone, mon souffle s'arrêtera. Je m'interrogerai encore une fois sur les clous de fondation et me rappellerai ma campagne en Mésopotamie, il y a longtemps déjà, avec ces femmes aux yeux en amande. Mais cela ne t'intéressera pas, alors je le garderai pour moi, encore une fois.

Nous irons alors ensuite boire un verre ou deux, je prendrai ta main, jouerai avec tes lèvres, tes joues deviendront rouges, tes yeux s'allumeront, comme mon désir, mais ce sera en vain.

Tous ces désirs morts avant même d'être tués par toi, mon corps est un cimetière.

Tu seras pourtant si désirable, si séduisante, que je me laisserai abuser, par mes sens et par mes sentiments.

De ce cimetière, une tombe s'ouvrira, mais laquelle ?

Celle où je te raconterai qu'une fois prochaine, je glisserai sur ton sein, le droit, mon préféré, une perle de whisky tourbé. Tu m'as dit un jour en aimer la saveur agricole. Cette note là, tu ne la goûteras que sur mes lèvres, et dans le dessert qui suivra la mi-temps de nos ébats.

Ou ce cénotaphe, d'où je sortirai des voiles noirs pour t'attacher et te faire subir des jeux inventés exprès pour toi et que je tais, comme un inventeur inquiet ?

Peut-être même ce tombeau, celui où j'ai fais chauffer des huiles précieuses, des essences rares ramenées de mes voyages dans l'Asie où l'érotisme est loi et même un droit, pour les répandre sur ton corps et dans le moindre de tes orifices ? Et ensuite, tandis que le feu du désir coulera en toi, appelé par le brasier des huiles mélangées, tu crieras, composera le 18 sur tes lèvres ouvertes, car tes mains seront liées, irrémédiablement. Je laisserai les flammes te consumer, je serai le pyromane de ta douleur infâme à qui je suis lié, comme le forçat à sa chaîne, et puis, quand tu sera presque calcinée de ce feu premier, je viendrai, non pas éteindre (aucun humaniste ne sommeille en moi et je suis pyromane, ECOUTE MOI pour une fois...), mais apaiser tes creux intimes avec le baume dont tu aimes sentir l'écoulement au plus profond de toi... Oui, ce baume là, tu rougis, tu es bouleversée, et tu me dis des mots insensés.

Ou alors, ce monticule, ridicule, car je suis un être ridicule, moins fort que facebook, et dont les miroirs effacent jusqu'à l'ombre, cette pelée de terre, jetée sans précaution, d'où sortiront trois mots, et un, et deux, et trois... mais lesquels ? Je t'aime ? Je te quitte ? Je te désire ? As-tu soif ?

...

Et déjà mon cimetière se renferme, les tombes se scellent jusqu'à la fois prochaine... ou jusqu'à la prochaine fossoyeuse. Mais n'est-ce-pas la même chose ?

jeudi 4 septembre 2008

Ma première littérature érotique

Il y a bien sûr toujours une première fois.

Une première fois à tout.

Un premier baiser...

Une première caresse, la première main dans la vôtre, la première étreinte...

Mais dans notre monde, il y a aussi, le premier écrit qui met le feu aux joues et qui, soudain, anime les sens. Une expérience insolite, qui ne surgit pas nécessairement d'un ouvrage, au relief érotique évident.

Mon premier émoi érotique, d'un point de vue littéraire, a été trouvé dans la bibliothèque rose. Oui, la bibliothèque rose....

La couleur, déjà, suggérait l'alcôve, et les longs voiles aux rubans des films avec Angélique. Le rose n'était pas, en ce temps là, libertin, mais il était déjà bien polisson.

Et sur le lent et long sentier lumineux de la prime enfance, un livre, qu'écrivis-je, une saga, a nourri certains de mes rêves, qui me laissaient fébrile, ardent, ivre d'une sensation, qui n'en était encore qu'à sa préhistoire, la sensation du désir.

Cette saga avait, comment en aurait-il pu être autrement, une héroïne. Et quelle héroïne !!!

De cette héroïne, jamais, je n'ai connu le prénom.

De cette héroïne, jamais je n'ai vu le visage en entier, dans sa charmante globalité...

Cette héroïne, c'était Fantômette...

Fantômette... (soupirs...)

Elle a nourri certains de mes rêves les plus fous (embrasser Fantômette !!!!), exacerbé certains de mes désirs (retirer le masque de Fantômette, admirer ses jambes toujours gainées et les parcourir...) et déjà, déjà, cassé bien des tirelires... de celles en rose, évidemment, en forme de cochon...

Moi aussi, je suis devenu polisson...

Et devant le fil dévidé de la pensée, coloré par cette couleur inimitable de la nostalgie, je viens de me rendre compte que la femme de ma première vie, en fait, c'est Fantômette...

Fantômette, où es-tu ?

Dis-moi que tu es célibataire, divorcée, adultérine, convertie, toujours mystérieuse, toujours prête à défendre l'orphelin (je suis orphelin... j'écris cela en passant...), avec ses collants noirs (certainement des Woolword, Fantômette était une fille de goût...), ses mèches rebelles et son sourire ingénieux. Fantômette qui pouvait jogger aussi, Fantômette qui n'aimait pas les furets mais qui aimait les salons de thé... Fantômette était une femme de tête, mais elle était aussi une pratiquante des jeux avec des cordes et des ficelles. Combien de fois elle s'est retrouvée attachée, soumise, dominée ? Fantômette m' a initié ainsi, un peu, aux jeux BDSM.

Fantômette contenait tout l'érotisme, elle le répandait, comme un soir orageux dispense les parfums comme écrit le poète.
Fantômette, ou ma découverte de l'érotisme littéraire.

En plus, elle ne fait pas son âge... Ce doit être une femme Barbara Gould...

Etre amoureux d'un personnage de fiction, c'est bien ma chance, c'est même l'histoire de toute ma vie.

Le second opus érotique me fit franchir un seuil, toutefois, mémoire d'une chanteuse allemande, dans une bibliothèque rose, aussi, mais d'un rose tirant franchement sur le rouge... Le rose appelle le rouge, c'est naturel.

Merci à toi, jolie petite brunette d'avoir mis du rouge dans ma vie avec le rose de ta couverture et le noir de tes collants...

mardi 2 septembre 2008

Eloge d'une femme mûre (suite et fin)

Le repas est passé, agréablement, nous n'étions pas des commensaux.

Nous étions même assez éloignés l'un de l'autre... La fin du repas a sonné, un regard, un seul, sans insistance...

Tout était évident, comme cela peut l'être dans de tels moments. Le corps a ses langages, et les mots sont superfétatoires, des accessoires d'un autre âge, rangés, ailleurs, loin... Ce soir, était venu le temps d'une autre grammaire...

Je remonte dans ma chambre, branche l'ipod... laisse ouverte la fenêtre qui donnait sur un parc, la vie forestière donnait comme un écho champêtre à la musique qui retentissait.

Deux coups à ma porte... Furtifs, mais décidés... Comme si je rêvais.

Mais je ne rêvais pas.

Elle est entrée, fraîchement parfumée, remaquillée. Qui écrira un jour combien il est touchant pour les hommes de bénéficier d'autant d'attentions et d'intentions de la part des femmes qui leur sont proches ? Elle a posé son sac sur le bureau.

C'était un album de Miles. Je vous raconterai un jour le caractère assurément érotique de cet album là, qui permet d'aimer une nuit entière, avec cent variations l'amante noyée dans votre couche, qu'il va falloir ranimer de votre bouche.

Nos lèvres ont été closes de suite.

Une fois encore, en bon ambassadeur de ce que nous avons de meilleur, je lui ai donné le remords de ne pas vivre en terre de France, là où les hommes embrassent avec délice, en ne dédaignant pas employer la langue, instrument incomparable du désir. Seul le Français ou la Française donne au mot embrasser sa réalité pleine et entière.

Une fois encore, en plénipotentiaire avisé, je lui ai montré que la langue ne servait pas qu' à embrasser, mais qu'elle était à la fois un aiguillon du désir et un de ses serviteurs. Pas une once de sa peau germaine n'a échappé à ma langue gauloise. Ce jour-là, la Guerre de Trente ans a été effacée de notre histoire...

Et puis, ma langue est descendue, plus bas, au creux de ses jambes, sur, d'abord... sa faille charnelle, puis aux alentours, ne pas se presser, le Français aime laisser le temps au temps... Puis, insensiblement, tandis que mes doigts parcouraient la géographie de son ventre, la vallée de ses seins, puis enfin les replis plus intimes, trop souvent délaissés. C'était ma proie, c'était mon butin, j'étais un reître, un soudard de l'amour... Elle était mienne, j'étais souverain.

Ma langue enfin a pénétré sa fente intime, d'un trait, d'un jet, comme un aiguillon, pour lécher et puis de temps à autre absorber comme pour l'extirper son clitoris... Elle a entonné alors un monologue, une sorte de sabir en allemand et en français, tour à tour adagio et forte. La jouissance approchait au fur et à mesure de mes sussions, toujours arrêtées au moment ultime, pour qu'elle ne soit plus qu'une corde prête à se rompre, qu'elle appelle, qu'elle supplie, qu'elle crie... Elle était ma proie, mon butin, j'étais un soudard, mercenaire de l'amour...

Mais hélas le gentleman en moi a tué le vilain soudard, et d'une pression plus forte, elle a joui, en me serrant de l'étau de ses cuisses, me comprimant tout en exhalant un soupir sans fonds...

Je me suis écarté ensuite, tandis qu'elle s'apaisait, j'ai voulu l'embrasser, lui faire goûter son propre désir, elle m'a essuyé les lèvres d'une de ses mains... Les moeurs germains auraient gagné à ce que nous annexions l'autre rive du Rhin.

Puis, elle m'a allongé à son tour, pour me cueillir de ses lèvres, dans l'intention évidente (elle me repoussa à chacune de mes tentatives pour me redresser) de me faire venir dans ce doux fourreau...

Il est des moments où la raison abandonne et où le plaisir détonne... J'ai donc capitulé...

J'étais sa proie, son prisonnier...

dimanche 31 août 2008

Eloge d'une femme mûre d'outre-Rhin (partie I)

Un temps, je fus Allemand.

Le temps d'une mission. Le temps de l'office.

C'était dans le sud, dans une région que je connaissais déjà, baignée par le Danube encore timide.

C'était le temps de mai, ce mois sur cette terre est souvent chaud et il plaît alors aux femmes de se dévoiler davantage.

Un soir, après le séminaire, j'errai dans la petite ville, l'hôtel était sans distractions, hormis la lucarne satellitée. Qu'importait.

Dans le centre, je retrouve une de mes collègues allemandes. Elle remontait, je descendais. Il y avait dans ces gestes contraires comme un appel, ne trouvez-vous pas ?

Je lui proposais d'aller boire un verre, sans intention, j'avais envie d'une grande Allemande, au long col, riche en goût, amère et souveraine.

Nous nous sommes attablés, autour d'un houblon brassé par des Bavarois. Le soleil lentement déclinait, le vent était léger, la température clémente. Et nous sommes repartis.

Le lendemain, le séminaire à nouveau, un peu assommant.

Il y a du Christo en moi, de l'Arsène Lupin même, je lui proposais de s'échapper dans un complexe thermal d'eau de mer. Elle fut séduite, par l'idée, et nous partîmes en voiture sous un soleil délicat et complice.

Le complexe apparut, au détour de la forêt. J'ai souvent eu la chance de trouver des endroits hors du temps, de la vie et de son tumulte agaçant. Des endroits complices car propices.

En Allemagne, les vestiaires sont mixtes, c'était déjà comme une invite.

Elle était grande, blonde, très bronzée,les Allemand(e)s raffolent des U.V., les dermatologues s'enrichissent, les cimetières se remplissent mais les amants sont flattés de ces peaux jaunies, comme un parchemin précieux.

Elle était plus âgée que moi, très élégante, très soignée jusque dans son maillot de bien une pièce, assurément coûteux, les ongles des pieds peints, cela, je ne sais pourquoi, m'a toujours plu chez une femme.

Les piscines d'eau salée sont une invitation à l'embrasement des sens, il y règne une chaleur humide, une torpeur amoureuse, qui souvent font fléchir les femmes et stimulent l'ardeur masculine. J'étais son guide, je lui montrais le circuit, la grotte de sel, les différents bains, les piscines dont la salinité n'était jamais la même, et puis, nous nous sommes arrêtés dans une baignoire relaxante, où l'eau était plus froide. Nous étions encore collègues.

Et soudain, elle me vrilla de son regard, me transperçant. J'ai perdu instantanément tout mon Allemand, le désir malgré la fraîcheur de l'eau s'éveillait. Insensiblement, les clapotis nous rapprochaient.

Ma jambe a touché la sienne, elle ne n'est pas écartée et a même renforcé le contact, je lui ai répondu, évidemment, nous nous sommes rapprochés, les mains agrippées au rebord. Le baiser est venu profond, immédiatement, sans hésitation.

Je suis alors allé contre elle, tout contre elle, la coinçant contre le rebord, d'une de ses mains, elle m'a enserré, de l'autre, elle est allée fureter sur mon ventre, puis sur ma cuisse, puis plus haut, par l'ouverture du maillot. J'ai rarement eu un désir aussi violent, aussi vil, sauvage, salé, animal... Les femmes mûres animalisent l'homme, comme la si bien (d)écrit Stephen Vizinczey dans son Eloge des femmes mûres...

Elle se mit alors à jouer avec mon désir, tandis que je maudissais l'inventeur des maillots une pièce (au pal !!), mais finalement, trouvait la faille, fut surpris de trouver son humidité, que l'eau avait épargnée et même pas diluée... Les gestes devenaient plus forts, les souffles rauques... Deux animaux dans une piscine salée... Le sel est la première des épices, elle aussi, peut pimenter les amours, un peu de sel sur une faille charnelle et des lèvres pures masculines sont souvent un bel alliage... Enfin, je m'égare là...

Il a fallu s'arrêter, les autres baigneurs nous dévisageaient d'un sale oeil, celui du censeur.

Je l'ai laissée repartir seule, il a fallu du temps pour reprendre mes esprits et retrouver la platitude dans mon vêtement de bain...

Nous avons repris le chemin du séminaire, puis le séminaire, long et laborieux, jusqu'au soir, après le repas...

A suivre...

vendredi 29 août 2008

Amour alpin


Après l'étreinte...

C'était en Autriche, durant un stage en haute-montagne. Des excursions, des cols toujours plus hauts, toujours plus difficiles.

Dans le groupe, R...

Petite, blonde, mince, avec un sourire à faire lever l'ennui des jours de pluie. Nous nous sommes parlés, par hasard, nous n'avons pas sympathisé de suite, c'est venu plus tard, à cause de cette tempête de neige, où, en bas, dans le chalet, coincés tous les deux, elle me fit l'honneur de ses appartements.

Devant une télévision asthmatique, à l'aide de vins pétillants dont raffolent les Autrichiens, nous sympathisâmes ardemment et un peu plus encore. Nos mains se sont mêlées devant un clip. Nous nous sommes embrassés dès la fin de cette chanson, dont j'ai encore en moi l'émoi.

Nous avons fait l'amour tout de suite, sous les couettes lourdes, et sur les oreillers épais, tandis que les flocons dansaient derrière nos fenêtres et que le vent, en soufflant, cachait le bruit de cette première étreinte. La complicité a été immédiate. C'était un instant hors du temps. Nous avons recommencé bien des fois, puis après quelques jours, je me suis installé dans ses quartiers, m'éveiller au monde à ses côtés me semblait nécessaire et m'endormir bercé par son souffle m'apparaissait impérieux.

Et une de ces fois-là, après que nous eûmes chacun abusé de l'autre - elle raffolait d'être sur moi, j'étais fou de son buisson aux couleurs des blés - la coquine, ma si charmante, me fit venir en elle en accélérant son élan, pour me donner le plus fort des transports, celui qui vous brise l'échine et vous met des étoiles dans le coeur. Après de longs baisers, nous nous sommes séparés. Alors, elle me demanda une serviette...

Je lui apportai, mais devant cette scène, où, sur le ventre, me présentant ses adorables fesses, sa main, d'une douceur allemande, tentait de retenir les flux mélangés du sang de nos amours, je pris cette photo...


Devant le clic, elle eut un sourire merveilleux, ses yeux grands ouverts, ses lèvres entrouvertes... Je l'ai désirée de nouveau...

Je lui donnai la serviette...

"Später (plus tard), Savinien, später..."

...

Cette photo me berce toujours et me rappelle ces étreintes à l'ombre des Alpes autrichiennes...

mardi 26 août 2008

Image volée...


Dernièrement, j'ai pris quelques grammes de métro...

J'aime le métro, ce condensé d'humanité, cette foule qui se presse, ces regards vides et soudain, souvent, une image volée.

Une jeune femme, en jupe bohême blanche, assise à quelques pas de moi. Plongée dans un livre, indifférente au monde et aux secousses du métropolitain.

Soudain, à la faveur d'une secousse, qui sans doute, n'avait pas aimé être ignorée, sa jupe si sage remonte, et laisse apparaître le haut d'un bas gris en laine.



Elle ne se doutait pas de ce qu'elle offrait et d'ailleurs, à part moi, qui l'avait remarqué ? Personne, sans doute, que des visages fatigués, des yeux éteints, sauf les miens, toujours aux aguets de ces images volées.

Et elle lisait, et je regardais ces quelques grammes de laine grise anthracite qui s'interrompaient sur une cuisse blanche, épargnée par le soleil. Que lisait-elle donc pour être si absorbée dans ces pages ? Des pages de feu pour se préparer à son amant(e) ? Ou un roman bien sage ?

Jamais je ne l'ai su. Je ne savais même plus ce que je lisais moi... J'ai pris une photo à la dérobée, elle sera affichée plus tard.

En se levant, elle a vu que sa jupe n'était plus sage, qu'elle offrait sans indécence, mais avec grâce, le spectacle doux de sa jambe gainée de gris. D'un geste un peu vif, elle a repoussé l'ourlet...

L'érotisme est mort à cet instant dans cette rame. La porte s'est ouverte, elle a disparu, il ne restait plus que l'image doublement volée, l'érotisme parfois ne dure qu'un instant. Ephémère, il meurt dans le souffle qui l'a vu naître, mais disperse les sens pour longtemps...

dimanche 24 août 2008

Vacances à la mer

Chères lectrices, chers lecteurs,

Il est temps pour moi de partir un peu à la mer. Je ne sais si l'hôtel dispose des commodités électroniques et de l'espace wifi dans les chambres ou dans les salles de détente, je ne sais donc si je reviendrais poster quelques billets d'ici le 30.

Avec le plaisir de vous lire chez vous ou ici,

Que la fin d'août vous soit propice et faste.

Pace et salute

Savinien

jeudi 21 août 2008

C'était un été... Hommage en rimes aux jolis mots de Multisourires

C'était un été...

C'était un été, ailleurs, sur le continent...
Je marchais dans une ville vide et vidée,
L'âme en peine, bien que sans tourments.
Je regardais la ville et son tumulte altier,

Par jeu, en croisant une file de véhicules
Je regardais les jambes des femmes assises,
Je sais, c'était un peu ridicule.
L'image volée en ce temps m'était la seule permise...

Et soudain, dans l'une d'elles, une blonde,
les yeux malicieux, une humeur faconde,
Se mit franchement à me sourire...
Tandis que je me rapprochais de son intérieur cuir...

Au moment où nos yeux allaient se marier,
Elle remonta haut sa jupe estivale,
Me laissant entrevoir des jambes voilées
De deux bas couleur chair, couleur qu'hier encore je jugeais banale,

En un éclair, le désir, brutal, souverain,
Et ces yeux amusés dans les miens...
Le rouge est devenu vert.,,..
Et ces jambes voilées de chair...

Ont disparu emporté par le flot automobile.
Moi, j'étais pétrifié, agité, immobile...
La remerciant pour cette image encore si sage
Et celles qui allaient naître dans son sillage...

mercredi 20 août 2008

"Le chemin qu'on n'a pas pris"...

"Je vous dirais bien que je souhaiterai que vous ayez plaisir
à choisir à un moment le chemin de mes reins...
Voilà, je vous l'ai dit..."


A l'heure où la raison abandonne, à l'heure où le soleil meurt dans la mer et la teinte du rouge de la passion, ce sms...

A-t-elle rougi en écrivant ces mots-là et en appuyant sur la touche envoi ?

Le rouge de son Finistère -t-il appelé mon rouge insulaire ?

Son vaste front s'est-il coloré du rouge de la confession ?

Le sms ne le dit pas.

Un sms parmi d'autres pour avouer un désir, elle, qui s'éveille lentement au feu des sens.

Je dois lui avouer, je dois vous l'avouer...

Depuis quelques temps déjà, je nourrissais cette envie-là.
De vous faire l'amour ainsi , de ce côté que les songes-creux disent interdit.

La transgression n'a de sens que lorsque le désir est partagé.

Le désir a-t-il des interdits, des sens giratoires, des voies uniques ?
Je n'y crois pas, je refuse, je récuse même cette idée...

Le désir n'a comme seules frontières que les désirs de l'autre.

Elle tremble, je le sais déjà.

Mes doigts, ma langue même, pourtant, se sont déjà aventurés dans cette zone qu'elle a si érogène.

Elle attend, pourtant.

Le désir est aussi attente, Mdessens l'écrit bien mieux que moi.

Il ne faut pas brusquer l'attente, la laisser s'étendre comme une corde, jusqu'à ce qu'elle se déchire enfin.

Je serai doux, encore plus doux que l'étoffe en soie qui recouvrira son intimité, avant que je n'emprunte ce chemin étroit...

Plus doux que la soie, plus tendre encore que la tendresse, qu'il faudra à cette dernière changer de nom.

Cela se passera donc chez moi, la pièce n'a pas été choisie, laissons l'imagination.

Le fauteuil en velours ? Le grand lit du bas sur une couette américaine ? Le canapé du salon ? Ailleurs, qui sait ? L'envie se rit de la géographie.

Je sais déjà ce qu'elle portera, une jupe large mais peu sage, des talons de 10 cm, et rien d'autre...

Les sens embrasés, sans doute, un peu.

Nos baisers, qui seront ceux des retrouvailles, il y a longtemps que je ne l'ai vue, nos premières caresses, les mots échangés, la frénésie qui toujours entre-nous éclate, et puis, à un moment, s'imposera bien (ou peut-être pas cette fois-là ?) ce chemin qu'on n'a pas pris, celui qui laisse toujours en nous comme un parfum d'incompris...

Ce parfum entre-nous ne naîtra pas...

Cela dit tant, cela ne dit-il pas tout ?

Scénario d'un jour prochain

Vous serez devant moi, offerte, dans cet appartement parisien qui nous abrite de la vie mesquine.

Vous m'attendiez encore.

Ma terre est loin, l'office prenant, mais je serai Parisien, encore une fois.

Je serai sur le lit ou un canapé, ne soyons pas trop précis. Le désir se rit des scénari.  

Je serai encore vêtu, évidemment. Vous serez donc à mes côtés, nue, sous une robe diaphane.

Juste une paire de voile sur les jambes, pas forcément noirs, d'ailleurs, vous m'en ferez la surprise.

Vous debout, moi assis sur le lit (disons que c'est un lit, par convention).

Une musique, un air de jazz...

Une pénombre, des bougies, car j'ai envie de vous aimer avec des lumières vacillantes, voir danser la lumière qui hésite sur votre peau dorée me troublera intensément... 

Du champagne aussi.

Vous debout, il faudra bien sûr une étoffe légère... 

Encore chaussée, pour la pointe de l'érotisme...

Je vous caresserai directement sur la robe, je veux que votre désir perle, que votre désir sorte de sa cage, et tache votre robe, qu'elle se colle à votre toison, je veux que le désir vous rende folle de ces contacts multiples, mes doigts, le tissu, ma main, ma paume, mon ventre, qui sait aussi, un peu, juste un peu...

Et un de mes pieds.

Car le pied est un merveilleux outil érogène. Je vous caresserai avec un pied aussi, toujours à travers votre étoffe. Si je ne me trompe, elle sera bien humide; cette étoffe...

Elle me dira cette étoffe l'appel de mon sexe dans le vôtre, qu'il plie ses replis intimes, qu'il les ouvre enfin... Puis, mon pied remontera cette robe, peu à peu, vous ne bougerez pas, j'entends déjà votre souffle haché, je vois déjà vos yeux lumineux et vos lèvres humides...

Là, je contemplerai le spectacle de votre intimité ouverte, la robe surélevée... Je la laisserai tomber. Vos lèvres étant orphelines, je me dois de leur donner un maître, les miennes. Je fouillerai votre bouche de la façon dont j'explore votre intimité précieuse, avec force, avec timidité, mais résolument...

Mes mains remonteront doucement sur vos cuisses, et même plus haut sur votre ventre, qu'il ne faut pas négliger, ce serait cruel, il est doux ce ventre, j'aime y poser mes mains dans l'amour et après et même avant.

J'arrêterai de vous embrasser. Brutalement. Vos lèvres crieront. Je serai sourd. Je vous repousserai, comme un danseur de tango repousse sa cavalière... Je vous tournerai et encore et une fois de plus et encore, je vous affolerai, puis vous tomberez sur le lit, je vous retirerai cette robe, qui sera souillée, un peu...

Vous êtes nue devant moi, nue ou presque...

Je me déshabillerai à mon tour, vous lirez, vous verrez mon désir, je ne sais ce qu'il vous inspire, la question n'est pas là.

Et je vous caresserai, là où vous savez avec une... plume...

Juste là, oui, là !!!

Juste là avec une plume...

Et j'écouterai monter votre plaisir, lentement, une plume c'est léger, ce n'est presque rien, vous savez, il y aura des paliers, des rémissions, des précipitations, lentement, il montera, sous la caresse d'une plume...

Au moment ultime, la plume volera une dernière fois... Belle mort pour cette plume que de vous donner le plaisir.

Puis, alors, je vous descendrai du lit, vous ferai agenouiller devant, le dos face à moi, et je viendrai en vous, obstinément, vous aurez pris ma main pour l'embrasser et je viendrai en vous, obstinément, longtemps, longtemps, comme vous aimez, comme vous savez, comme nous aimons...

Il y aura une pause, vous aurez soif, nous boirons, et nous reprendrons, évidemment...

mardi 19 août 2008

Préhistoire de mon désir

Tout désir a une histoire.

Nous avons tous des histoires de ces premiers désirs qui nous firent homme/femme.

Mais et la préhistoire de notre désir ? Cette histoire avant l'histoire, avant les premières émotions et les folles sensations, qui l'a écrite, qui la dira ? Pourquoi la tait-on ?

Quelle fut la préhistoire de mes désirs ?

C'est une préhistoire, stricto sensu, une histoire avant que je ne sache même écrire.

C'était le temps de la maternelle, j'étais blond comme les blés de nos meilleures terres. Nous étions une trentaine de garnements, mélangés, il y avait des filles, il y avait des garçons. Des crayons, des feuilles blanches et des récréations qui duraient, sous ce ciel bleu et la mer dansait au loin. Elle dansait, car elle savait que nous serions bientôt siens.

Il faisait toujours chaud, toujours beau, l'hiver chez nous est inconnu.

Ma maîtresse était blonde comme les blés. Elle était grande, mais à mon âge, tous les adultes étaient vus comme ce qu'ils étaient, des géants. Elle avait un drôle d'accent, ne prononçait pas les mots comme nous. On disait qu'elle venait du continent, de là-bas, derrière la plage, derrière la mer même, à quatre ans, c'était bien inquiétant cette origine. Et un peu mystérieux aussi.

Ma maîtresse était belle et blonde, ses yeux étaient bleus. Elle avait toujours des jupes sages et larges. Et son corsage était ouvert sur des monticules dont j'ignorais toute géographie.

Je la regardais captivé, par cette hauteur de vues, par ce regard bleuté comme la mer, et par ses jambes. Je regardais ses jambes, qu'elle avait parfois voilées, par un voile diaphane, entre gris chiné et transparence affichée.

De ce jour-là, de ces jours, j'ai aimé les femmes dont les jambes étaient gainées.

Elle est partie, emportée par un cancer, l'année scolaire s'est achevée avec un homme barbu.

Je repense encore à elle, parfois, ma première image de femme, brouillée certes par le poids des années accumulées dans mon histoire.

Je repense à cette préhistoire, à la fois où j'ai effleuré ces voiles sur ses jambes, comme je volais la confiture dans les pots de grand-mère.

J'en ressens encore la douleur et la douceur.

Je n'ai plus jamais ressenti cette sensation là, plus jamais.

Mais pourtant, je caresse les voiles que les femmes offrent à mes mains et à mes doigts, et parfois à mes lèvres curieuses et agitées, avec la même fébrilité. Sans doute dans ces moments-là, confusément, je rends un hommage à ce premier contact.

C'est une histoire digne de la préhistoire... L'homme qui a ressenti le premier la chaleur du premier feu a dû se sentir ainsi, j'imagine. Le premier contact et la différence du second...

C'est ma préhistoire, la préhistoire de mon désir...

lundi 18 août 2008

Jouissance orpheline

" ...Et que d'une fillette qui ajoute la nuit à l'oeuvre de sa main...
J'entends sonner dans les chambres solitaires
Le chant aigu..
."

Canti, Giacomo Leopardi.

Je me souviens de la première fois où elle m'a avoué s'être caressée en pensant à moi...

Elle m'a chanté, car c'était un chant souverain, sa toison perlée de désir humide, son corps frémissant, toutes ces images dans la tête, le corps tendu à se rompre et sa main qui, en un instant décisif, s'est perdue dans sa toison sauvage pour aller darder ce bourgeon gorgé de sang d'ondes salvatrices.

Elle m'a avoué son cri, léger, qui a percé l'après-midi comme une note de Richter le cristal berlinois.

Elle a pleuré cette jouissance forte mais tronquée.

Je lui ai cité ces mots d'avant, ces mots sur ces jouissances orphelines, qui ne sont qu'appel de l'amant éloigné.

Je songeais en lui parlant à cette jouissance orpheline. J'en savais le scénario, j'en connaissais les modalités. Combien de fois déjà au cours de nos ébats mes doigts s'étaient emparés de cette jouissance orpheline pour la tuer et la faire renaître partagée. J'ai vu, en un éclair, ses jambes s'agiter, ses lèvres se teinter d'un rouge carmin, son clitoris durcir comme un tison ardent. J'ai senti ses flux s'écouler, car, chez elle, le désir est eau. Je me suis enivré de son parfum poivré. Je me suis plongé dans ses yeux pour guetter le moment où tout bascule, où tout n'est plus qu'une fièvre qui s'allume.

J'ai été jaloux d'avoir été privé de ce moment.

J'ai été heureux de susciter en elle de tels moments.

Je lui ai dit mon amour, mon désir toujours plus grand, mes envies encore plurielles...

Elle n'a rien dit d'autre que la péroraison de ce chant aigu dont parlait le poète...

"Oh... Savinien..."

dimanche 17 août 2008

Quelques kilos de trop et vérité voltairienne

Tu pleures souvent ton corps mince, ferme et jeune.

Tu t'en prends à ton corps d'aujourd'hui.

Sempiternelle refrain de la femme amoureuse, toujours inquiète.

La raison qui jamais n'abandonne, même à nos heures horizontales, t'inspire ce couplet.

La crainte se déguise en ostinato.

"J'ai dû prendre au moins deux kilos et pas dans les seins...(ah obsession féminine de ces seins qu'elles estiment toujours devoir avoir énormes, alors que les siens sont divins et qu'ils tiennent dans la paume de mes mains)..."

"Il va falloir que j'"investisse dans une bonne gaine !!"

Avec, j'espère, lui souffle-je dans un murmure qui l'inquiète, tout ce qui va avec...

"Qu'est -ce qui va avec ?" Rétorque-t-elle immédiatement, inquiète, prête à s'enflammer.

Une chose qui s'exprime en trois lettres...

(long silence)

Et la réponse, laconique, mais le silence peut aussi être signifiant.. :"oui"

Oh, je vais adorer cela, je complète, en péroraison...

(silence réjoui, j'imagine même le rouge colorant ses joues en songeant à ces douces images)

Ô kilos superflus, vous me devez la vie.

Ô superflu, chose bien nécessaire... Voltaire avait mille fois raison.

samedi 16 août 2008

Retour de voyage

Longtemps, je me suis couché de bonne heure... en rentrant de voyage...

Un jour, cependant, à la tombée du jour, je revenais d'Europe orientale, une femme m'attendait chez moi.

Elle m'avait demandé ce que je voulais qu'elle porte pour m'accueillir.

Des bas, seulement des bas lui-avais-je répondu.

Elle m'avait obéi, le plaisir des sens est le meilleur des caporaux.

Elle était donc là, j'ai posé les valises, elle avait préparé un repas, cela m'avait touché. Elle portait une robe verte et des bas sombres.

Nous nous sommes embrassés avec timidité au début, puis sans retenue aucune...

Naturellement, mon ventre s'est pressé contre le sien.

Naturellement, mes mains se sont glissées sous la robe. Et là...

La surprise.

Mes doigts ont caressé un sexe ouvert, et sans barrage pour retenir l'eau de son désir.

Elle a souri de ce sourire qu'ont les femmes quand elles vous offrent un cadeau inattendu.

Je l'ai entraînée dans la chambre du bas, tout en me déshabillant, c'était l'été, je ne portais presque rien.

J'étais nu sur le lit, mon sexe gonflé, elle retirait sa robe et je la caressais avec mon pied, son regard vacillait. Elle m'a avoué longtemps plus tard avoir été comme brûlée par mes yeux et ce pied qui lui pressait sans vergogne son intimité humide.

Elle s'est alors jetée sur moi, m'a prise entre ses lèvres tout de suite , intensément, puissamment. Je la caressais avec une main libre, je ne sais sincèrement plus ce que faisait l'autre.

Elle a poussé un petit gémissement, j'ai répondu par un cri appelé par sa caresse doucereuse.

Nous avons fait l'amour, partout, de toutes les façons sans doute connues dans cette partie de l'hémisphère, pendant plus de 90 minutes.

Elle n'a pas joui. La tension était sans doute trop intense ou étais-je trop empressé... La jouissance a ses mystères et je n'en suis pas le pontife, hélas...

Elle m'a dit, dans un souffle, "Oublions mon orgasme. Pensons au tien ! Baise-moi"

C'était à mon tour d'obéir, je crois.

Elle m'a fait jouir de ses doigts, certains flattaient ma prostate, d'autres agrippaient mon désir, et après que la première coulée eut souillé ses beaux seins, elle m'a repris dans sa bouche, y laissant mourir les jets suivants.

Puis, je l'ai embrassée, pour recueillir mon parfum intime sur ses lèvres carmins.

Nous nous sommes endormis de suite.

Le lendemain, nous avons fait l'amour, elle a joui, presque, tout de suite.

Une jouissance intense, aussi intense qu'elle avait été différée.

Merci à toi pour ce moment là...

Encore un matin déçu...

Un matin pour rien... comme souffle la chanson.

Un matin plein de soleil, pourtant. Il commençait bien.

La terrasse, le bois, le parfum du café, lentement, je m'éveille au monde.

Je feuillette la page des petites annonces.

A mon âge, il faut penser reconversion.

Je suis déçu.

Encore une fois, la profession que je désire ne se présente pas.

J'aimerai tant postuler pour devenir un conservateur d'un musée des jambes gainées.

Hier encore, mon sujet de thèse "Propositions d'historicité de la dialectique de la main masculine et de la poitrine féminine" a été refusé.

Le monde se refuse à moi.

Demain, je recommencerai pourtant...

vendredi 15 août 2008

Ma boulangère...

Ma boulangère...

Entre ma boulangère et moi, il n'y a rien.

Du moins, presque rien.

Il y a derrière ce rien, une attraction réciproque évidente.

Palpable. Légère. Evidente.

Elle sait, je sais qu'elle sait.

Ces regards qui s'allument quand je suis dans la file et qu'elle me voie. Ces yeux qu'elle baisse et qu'elle relève doucement, pour me lancer alors un regard qui vrille, qui fait de ma maturité et de ma pratique ancienne des femmes un souvenir, qu'écris-je...  un fantasme de puceau !

Ma boulangère érotise l'achat du pain au noix et de la religieuse. 

Je sais, c'est péché...

Ma boulangère répand l'érotisme comme un soir orageux les parfums.

J'aime ses yeux, j'aime sa maturité.

J'aime sa peau dorée par le soleil de l'été et j'aime la lumière que le coiffeur a mise dans ses cheveux pour la rendre plus désirable encore.

(penser à tuer ce coiffeur mais avant... le remercier)

Cela fait deux années que cela dure.

Le chemin du désir est long, la pente est rude, disait ce grand érotomane qu'est J.P. Raffarin...

Certes...

Nous avons progressé, maintenant, nous discutons un peu, les regards brillant de part et d'autre du comptoir. Ce ne sont que des petits mots, des mots de tous les jours.

Une fois, un jour, un matin, je franchirai le Rubicond et l'embrasserai par-dessus le limes du comptoir, mordrai ses lèvres pour y puiser le feu qu'elle allume en moi, pour qu'il continue de brûler.

Pour le moment, ce n'est que regard. L'érotisme est d'abord question de vue.

Je ressors de l'échoppe, avec un sourire aux lèvres (vous savez, ce sourire là...) et avec une envie certaine, très pénible en ces jours d'été, avec ces étoffes légères...

Tiens, il me manque du pain...

jeudi 14 août 2008

E... comme Erotisme...

Un mot sur toutes les lèvres, sans jeu de mots… quoique…, un mot qui s’affiche partout, sur les abris-bus, dans les placards du métropolitain, un mot qui s’énonce ad nauseam dans les spots radios et dans les étranges lucarnes.

E., moi aussi, j’écris ton nom. Car, je l’avoue, j’aime l’érotisme, cette sensation d’interdit. L’érotisme est peut-être le dictame de l’amour, ce qui l’entretient, ce qui le conforte, mais jamais ne le déclenche.

Si les marchands de rêve vendent l’érotisme (mais qui peut donc réfléchir au-delà du rêve ?) partout et donc nulle part, ce n’est qu’un ersatz, un érotisme light, allégé, pour tout écrire. L’érotisme n’est pas tout montrer, ou tout dévoiler, mais il suggère, il indique, il annonce, ce qui pourrait être et souvent ce qui ne sera pas. L’érotisme n’est pas sexy.

L'érotisme est ce qu'est l'impressionnisme dans la peinture, voire le pointillisme, des petites touches, légères, fragiles, futiles mêmes. Il ne détourne pas le regard, mais l'appelle et lui fait découvrir un inconnu pas encore entrevu. Etre érotique, c'est avoir faim d'inconnu, peut-être, comme Barnabooth... Mais un inconnu que l'on aime bien qu'il ne soit pas connu...

L’érotisme n’est ni système, ni globalité. Il est extrait, il est fragment, il est trace, il est intention. Et c’est déjà tant.

Un morceau de dentelles entrevu par accident, un soupçon de parfum sur une partie du corps où on ne l’attend guère, un éclat dans les yeux, un rai de lumière qui éclaire un corps, des tâches de rousseur sur une peau qui luisent soudainement au soleil, la manière de s’attacher les cheveux, un regard sur l'être aimé qui fait semblant de ne pas (sa)voir qu'il est regardé(e) …

L’érotisme ne possède aucune limite, il commence avant mais ne finit pas après, il est éternel, inusable, lancinant, il s'étire, il se dévide comme une bobine de soie. Comme l'image d'Ingrid dans Rear windows, et ce rythme lent qu'Hitchcock lui a donné lorsqu'elle va embrasser James Stewart...

lundi 11 août 2008

Traits adultérins

L'homme qui est séduit intéresse moins que l'Homme à séduire...

J'ai appris ainsi que les désirs que je nourrissais en elle, comptaient parce qu'ils lui permettaient de nourrir des désirs dans les yeux des hommes croisés et des hommes qui voulaient la séduire.

Elle se sent vivante ainsi en allumant le désir, mais ainsi, en me l'avouant sans pudeur, elle tue les miens.

Serai-je un prétexte, un facteur propice, un souffle, un vecteur, un objet, moi qui désirait tant être son sujet...

L'homme qui est séduit meurt parfois par les hommes à séduire...