dimanche 31 août 2008

Eloge d'une femme mûre d'outre-Rhin (partie I)

Un temps, je fus Allemand.

Le temps d'une mission. Le temps de l'office.

C'était dans le sud, dans une région que je connaissais déjà, baignée par le Danube encore timide.

C'était le temps de mai, ce mois sur cette terre est souvent chaud et il plaît alors aux femmes de se dévoiler davantage.

Un soir, après le séminaire, j'errai dans la petite ville, l'hôtel était sans distractions, hormis la lucarne satellitée. Qu'importait.

Dans le centre, je retrouve une de mes collègues allemandes. Elle remontait, je descendais. Il y avait dans ces gestes contraires comme un appel, ne trouvez-vous pas ?

Je lui proposais d'aller boire un verre, sans intention, j'avais envie d'une grande Allemande, au long col, riche en goût, amère et souveraine.

Nous nous sommes attablés, autour d'un houblon brassé par des Bavarois. Le soleil lentement déclinait, le vent était léger, la température clémente. Et nous sommes repartis.

Le lendemain, le séminaire à nouveau, un peu assommant.

Il y a du Christo en moi, de l'Arsène Lupin même, je lui proposais de s'échapper dans un complexe thermal d'eau de mer. Elle fut séduite, par l'idée, et nous partîmes en voiture sous un soleil délicat et complice.

Le complexe apparut, au détour de la forêt. J'ai souvent eu la chance de trouver des endroits hors du temps, de la vie et de son tumulte agaçant. Des endroits complices car propices.

En Allemagne, les vestiaires sont mixtes, c'était déjà comme une invite.

Elle était grande, blonde, très bronzée,les Allemand(e)s raffolent des U.V., les dermatologues s'enrichissent, les cimetières se remplissent mais les amants sont flattés de ces peaux jaunies, comme un parchemin précieux.

Elle était plus âgée que moi, très élégante, très soignée jusque dans son maillot de bien une pièce, assurément coûteux, les ongles des pieds peints, cela, je ne sais pourquoi, m'a toujours plu chez une femme.

Les piscines d'eau salée sont une invitation à l'embrasement des sens, il y règne une chaleur humide, une torpeur amoureuse, qui souvent font fléchir les femmes et stimulent l'ardeur masculine. J'étais son guide, je lui montrais le circuit, la grotte de sel, les différents bains, les piscines dont la salinité n'était jamais la même, et puis, nous nous sommes arrêtés dans une baignoire relaxante, où l'eau était plus froide. Nous étions encore collègues.

Et soudain, elle me vrilla de son regard, me transperçant. J'ai perdu instantanément tout mon Allemand, le désir malgré la fraîcheur de l'eau s'éveillait. Insensiblement, les clapotis nous rapprochaient.

Ma jambe a touché la sienne, elle ne n'est pas écartée et a même renforcé le contact, je lui ai répondu, évidemment, nous nous sommes rapprochés, les mains agrippées au rebord. Le baiser est venu profond, immédiatement, sans hésitation.

Je suis alors allé contre elle, tout contre elle, la coinçant contre le rebord, d'une de ses mains, elle m'a enserré, de l'autre, elle est allée fureter sur mon ventre, puis sur ma cuisse, puis plus haut, par l'ouverture du maillot. J'ai rarement eu un désir aussi violent, aussi vil, sauvage, salé, animal... Les femmes mûres animalisent l'homme, comme la si bien (d)écrit Stephen Vizinczey dans son Eloge des femmes mûres...

Elle se mit alors à jouer avec mon désir, tandis que je maudissais l'inventeur des maillots une pièce (au pal !!), mais finalement, trouvait la faille, fut surpris de trouver son humidité, que l'eau avait épargnée et même pas diluée... Les gestes devenaient plus forts, les souffles rauques... Deux animaux dans une piscine salée... Le sel est la première des épices, elle aussi, peut pimenter les amours, un peu de sel sur une faille charnelle et des lèvres pures masculines sont souvent un bel alliage... Enfin, je m'égare là...

Il a fallu s'arrêter, les autres baigneurs nous dévisageaient d'un sale oeil, celui du censeur.

Je l'ai laissée repartir seule, il a fallu du temps pour reprendre mes esprits et retrouver la platitude dans mon vêtement de bain...

Nous avons repris le chemin du séminaire, puis le séminaire, long et laborieux, jusqu'au soir, après le repas...

A suivre...

vendredi 29 août 2008

Amour alpin


Après l'étreinte...

C'était en Autriche, durant un stage en haute-montagne. Des excursions, des cols toujours plus hauts, toujours plus difficiles.

Dans le groupe, R...

Petite, blonde, mince, avec un sourire à faire lever l'ennui des jours de pluie. Nous nous sommes parlés, par hasard, nous n'avons pas sympathisé de suite, c'est venu plus tard, à cause de cette tempête de neige, où, en bas, dans le chalet, coincés tous les deux, elle me fit l'honneur de ses appartements.

Devant une télévision asthmatique, à l'aide de vins pétillants dont raffolent les Autrichiens, nous sympathisâmes ardemment et un peu plus encore. Nos mains se sont mêlées devant un clip. Nous nous sommes embrassés dès la fin de cette chanson, dont j'ai encore en moi l'émoi.

Nous avons fait l'amour tout de suite, sous les couettes lourdes, et sur les oreillers épais, tandis que les flocons dansaient derrière nos fenêtres et que le vent, en soufflant, cachait le bruit de cette première étreinte. La complicité a été immédiate. C'était un instant hors du temps. Nous avons recommencé bien des fois, puis après quelques jours, je me suis installé dans ses quartiers, m'éveiller au monde à ses côtés me semblait nécessaire et m'endormir bercé par son souffle m'apparaissait impérieux.

Et une de ces fois-là, après que nous eûmes chacun abusé de l'autre - elle raffolait d'être sur moi, j'étais fou de son buisson aux couleurs des blés - la coquine, ma si charmante, me fit venir en elle en accélérant son élan, pour me donner le plus fort des transports, celui qui vous brise l'échine et vous met des étoiles dans le coeur. Après de longs baisers, nous nous sommes séparés. Alors, elle me demanda une serviette...

Je lui apportai, mais devant cette scène, où, sur le ventre, me présentant ses adorables fesses, sa main, d'une douceur allemande, tentait de retenir les flux mélangés du sang de nos amours, je pris cette photo...


Devant le clic, elle eut un sourire merveilleux, ses yeux grands ouverts, ses lèvres entrouvertes... Je l'ai désirée de nouveau...

Je lui donnai la serviette...

"Später (plus tard), Savinien, später..."

...

Cette photo me berce toujours et me rappelle ces étreintes à l'ombre des Alpes autrichiennes...

mardi 26 août 2008

Image volée...


Dernièrement, j'ai pris quelques grammes de métro...

J'aime le métro, ce condensé d'humanité, cette foule qui se presse, ces regards vides et soudain, souvent, une image volée.

Une jeune femme, en jupe bohême blanche, assise à quelques pas de moi. Plongée dans un livre, indifférente au monde et aux secousses du métropolitain.

Soudain, à la faveur d'une secousse, qui sans doute, n'avait pas aimé être ignorée, sa jupe si sage remonte, et laisse apparaître le haut d'un bas gris en laine.



Elle ne se doutait pas de ce qu'elle offrait et d'ailleurs, à part moi, qui l'avait remarqué ? Personne, sans doute, que des visages fatigués, des yeux éteints, sauf les miens, toujours aux aguets de ces images volées.

Et elle lisait, et je regardais ces quelques grammes de laine grise anthracite qui s'interrompaient sur une cuisse blanche, épargnée par le soleil. Que lisait-elle donc pour être si absorbée dans ces pages ? Des pages de feu pour se préparer à son amant(e) ? Ou un roman bien sage ?

Jamais je ne l'ai su. Je ne savais même plus ce que je lisais moi... J'ai pris une photo à la dérobée, elle sera affichée plus tard.

En se levant, elle a vu que sa jupe n'était plus sage, qu'elle offrait sans indécence, mais avec grâce, le spectacle doux de sa jambe gainée de gris. D'un geste un peu vif, elle a repoussé l'ourlet...

L'érotisme est mort à cet instant dans cette rame. La porte s'est ouverte, elle a disparu, il ne restait plus que l'image doublement volée, l'érotisme parfois ne dure qu'un instant. Ephémère, il meurt dans le souffle qui l'a vu naître, mais disperse les sens pour longtemps...

dimanche 24 août 2008

Vacances à la mer

Chères lectrices, chers lecteurs,

Il est temps pour moi de partir un peu à la mer. Je ne sais si l'hôtel dispose des commodités électroniques et de l'espace wifi dans les chambres ou dans les salles de détente, je ne sais donc si je reviendrais poster quelques billets d'ici le 30.

Avec le plaisir de vous lire chez vous ou ici,

Que la fin d'août vous soit propice et faste.

Pace et salute

Savinien

jeudi 21 août 2008

C'était un été... Hommage en rimes aux jolis mots de Multisourires

C'était un été...

C'était un été, ailleurs, sur le continent...
Je marchais dans une ville vide et vidée,
L'âme en peine, bien que sans tourments.
Je regardais la ville et son tumulte altier,

Par jeu, en croisant une file de véhicules
Je regardais les jambes des femmes assises,
Je sais, c'était un peu ridicule.
L'image volée en ce temps m'était la seule permise...

Et soudain, dans l'une d'elles, une blonde,
les yeux malicieux, une humeur faconde,
Se mit franchement à me sourire...
Tandis que je me rapprochais de son intérieur cuir...

Au moment où nos yeux allaient se marier,
Elle remonta haut sa jupe estivale,
Me laissant entrevoir des jambes voilées
De deux bas couleur chair, couleur qu'hier encore je jugeais banale,

En un éclair, le désir, brutal, souverain,
Et ces yeux amusés dans les miens...
Le rouge est devenu vert.,,..
Et ces jambes voilées de chair...

Ont disparu emporté par le flot automobile.
Moi, j'étais pétrifié, agité, immobile...
La remerciant pour cette image encore si sage
Et celles qui allaient naître dans son sillage...

mercredi 20 août 2008

"Le chemin qu'on n'a pas pris"...

"Je vous dirais bien que je souhaiterai que vous ayez plaisir
à choisir à un moment le chemin de mes reins...
Voilà, je vous l'ai dit..."


A l'heure où la raison abandonne, à l'heure où le soleil meurt dans la mer et la teinte du rouge de la passion, ce sms...

A-t-elle rougi en écrivant ces mots-là et en appuyant sur la touche envoi ?

Le rouge de son Finistère -t-il appelé mon rouge insulaire ?

Son vaste front s'est-il coloré du rouge de la confession ?

Le sms ne le dit pas.

Un sms parmi d'autres pour avouer un désir, elle, qui s'éveille lentement au feu des sens.

Je dois lui avouer, je dois vous l'avouer...

Depuis quelques temps déjà, je nourrissais cette envie-là.
De vous faire l'amour ainsi , de ce côté que les songes-creux disent interdit.

La transgression n'a de sens que lorsque le désir est partagé.

Le désir a-t-il des interdits, des sens giratoires, des voies uniques ?
Je n'y crois pas, je refuse, je récuse même cette idée...

Le désir n'a comme seules frontières que les désirs de l'autre.

Elle tremble, je le sais déjà.

Mes doigts, ma langue même, pourtant, se sont déjà aventurés dans cette zone qu'elle a si érogène.

Elle attend, pourtant.

Le désir est aussi attente, Mdessens l'écrit bien mieux que moi.

Il ne faut pas brusquer l'attente, la laisser s'étendre comme une corde, jusqu'à ce qu'elle se déchire enfin.

Je serai doux, encore plus doux que l'étoffe en soie qui recouvrira son intimité, avant que je n'emprunte ce chemin étroit...

Plus doux que la soie, plus tendre encore que la tendresse, qu'il faudra à cette dernière changer de nom.

Cela se passera donc chez moi, la pièce n'a pas été choisie, laissons l'imagination.

Le fauteuil en velours ? Le grand lit du bas sur une couette américaine ? Le canapé du salon ? Ailleurs, qui sait ? L'envie se rit de la géographie.

Je sais déjà ce qu'elle portera, une jupe large mais peu sage, des talons de 10 cm, et rien d'autre...

Les sens embrasés, sans doute, un peu.

Nos baisers, qui seront ceux des retrouvailles, il y a longtemps que je ne l'ai vue, nos premières caresses, les mots échangés, la frénésie qui toujours entre-nous éclate, et puis, à un moment, s'imposera bien (ou peut-être pas cette fois-là ?) ce chemin qu'on n'a pas pris, celui qui laisse toujours en nous comme un parfum d'incompris...

Ce parfum entre-nous ne naîtra pas...

Cela dit tant, cela ne dit-il pas tout ?

Scénario d'un jour prochain

Vous serez devant moi, offerte, dans cet appartement parisien qui nous abrite de la vie mesquine.

Vous m'attendiez encore.

Ma terre est loin, l'office prenant, mais je serai Parisien, encore une fois.

Je serai sur le lit ou un canapé, ne soyons pas trop précis. Le désir se rit des scénari.  

Je serai encore vêtu, évidemment. Vous serez donc à mes côtés, nue, sous une robe diaphane.

Juste une paire de voile sur les jambes, pas forcément noirs, d'ailleurs, vous m'en ferez la surprise.

Vous debout, moi assis sur le lit (disons que c'est un lit, par convention).

Une musique, un air de jazz...

Une pénombre, des bougies, car j'ai envie de vous aimer avec des lumières vacillantes, voir danser la lumière qui hésite sur votre peau dorée me troublera intensément... 

Du champagne aussi.

Vous debout, il faudra bien sûr une étoffe légère... 

Encore chaussée, pour la pointe de l'érotisme...

Je vous caresserai directement sur la robe, je veux que votre désir perle, que votre désir sorte de sa cage, et tache votre robe, qu'elle se colle à votre toison, je veux que le désir vous rende folle de ces contacts multiples, mes doigts, le tissu, ma main, ma paume, mon ventre, qui sait aussi, un peu, juste un peu...

Et un de mes pieds.

Car le pied est un merveilleux outil érogène. Je vous caresserai avec un pied aussi, toujours à travers votre étoffe. Si je ne me trompe, elle sera bien humide; cette étoffe...

Elle me dira cette étoffe l'appel de mon sexe dans le vôtre, qu'il plie ses replis intimes, qu'il les ouvre enfin... Puis, mon pied remontera cette robe, peu à peu, vous ne bougerez pas, j'entends déjà votre souffle haché, je vois déjà vos yeux lumineux et vos lèvres humides...

Là, je contemplerai le spectacle de votre intimité ouverte, la robe surélevée... Je la laisserai tomber. Vos lèvres étant orphelines, je me dois de leur donner un maître, les miennes. Je fouillerai votre bouche de la façon dont j'explore votre intimité précieuse, avec force, avec timidité, mais résolument...

Mes mains remonteront doucement sur vos cuisses, et même plus haut sur votre ventre, qu'il ne faut pas négliger, ce serait cruel, il est doux ce ventre, j'aime y poser mes mains dans l'amour et après et même avant.

J'arrêterai de vous embrasser. Brutalement. Vos lèvres crieront. Je serai sourd. Je vous repousserai, comme un danseur de tango repousse sa cavalière... Je vous tournerai et encore et une fois de plus et encore, je vous affolerai, puis vous tomberez sur le lit, je vous retirerai cette robe, qui sera souillée, un peu...

Vous êtes nue devant moi, nue ou presque...

Je me déshabillerai à mon tour, vous lirez, vous verrez mon désir, je ne sais ce qu'il vous inspire, la question n'est pas là.

Et je vous caresserai, là où vous savez avec une... plume...

Juste là, oui, là !!!

Juste là avec une plume...

Et j'écouterai monter votre plaisir, lentement, une plume c'est léger, ce n'est presque rien, vous savez, il y aura des paliers, des rémissions, des précipitations, lentement, il montera, sous la caresse d'une plume...

Au moment ultime, la plume volera une dernière fois... Belle mort pour cette plume que de vous donner le plaisir.

Puis, alors, je vous descendrai du lit, vous ferai agenouiller devant, le dos face à moi, et je viendrai en vous, obstinément, vous aurez pris ma main pour l'embrasser et je viendrai en vous, obstinément, longtemps, longtemps, comme vous aimez, comme vous savez, comme nous aimons...

Il y aura une pause, vous aurez soif, nous boirons, et nous reprendrons, évidemment...

mardi 19 août 2008

Préhistoire de mon désir

Tout désir a une histoire.

Nous avons tous des histoires de ces premiers désirs qui nous firent homme/femme.

Mais et la préhistoire de notre désir ? Cette histoire avant l'histoire, avant les premières émotions et les folles sensations, qui l'a écrite, qui la dira ? Pourquoi la tait-on ?

Quelle fut la préhistoire de mes désirs ?

C'est une préhistoire, stricto sensu, une histoire avant que je ne sache même écrire.

C'était le temps de la maternelle, j'étais blond comme les blés de nos meilleures terres. Nous étions une trentaine de garnements, mélangés, il y avait des filles, il y avait des garçons. Des crayons, des feuilles blanches et des récréations qui duraient, sous ce ciel bleu et la mer dansait au loin. Elle dansait, car elle savait que nous serions bientôt siens.

Il faisait toujours chaud, toujours beau, l'hiver chez nous est inconnu.

Ma maîtresse était blonde comme les blés. Elle était grande, mais à mon âge, tous les adultes étaient vus comme ce qu'ils étaient, des géants. Elle avait un drôle d'accent, ne prononçait pas les mots comme nous. On disait qu'elle venait du continent, de là-bas, derrière la plage, derrière la mer même, à quatre ans, c'était bien inquiétant cette origine. Et un peu mystérieux aussi.

Ma maîtresse était belle et blonde, ses yeux étaient bleus. Elle avait toujours des jupes sages et larges. Et son corsage était ouvert sur des monticules dont j'ignorais toute géographie.

Je la regardais captivé, par cette hauteur de vues, par ce regard bleuté comme la mer, et par ses jambes. Je regardais ses jambes, qu'elle avait parfois voilées, par un voile diaphane, entre gris chiné et transparence affichée.

De ce jour-là, de ces jours, j'ai aimé les femmes dont les jambes étaient gainées.

Elle est partie, emportée par un cancer, l'année scolaire s'est achevée avec un homme barbu.

Je repense encore à elle, parfois, ma première image de femme, brouillée certes par le poids des années accumulées dans mon histoire.

Je repense à cette préhistoire, à la fois où j'ai effleuré ces voiles sur ses jambes, comme je volais la confiture dans les pots de grand-mère.

J'en ressens encore la douleur et la douceur.

Je n'ai plus jamais ressenti cette sensation là, plus jamais.

Mais pourtant, je caresse les voiles que les femmes offrent à mes mains et à mes doigts, et parfois à mes lèvres curieuses et agitées, avec la même fébrilité. Sans doute dans ces moments-là, confusément, je rends un hommage à ce premier contact.

C'est une histoire digne de la préhistoire... L'homme qui a ressenti le premier la chaleur du premier feu a dû se sentir ainsi, j'imagine. Le premier contact et la différence du second...

C'est ma préhistoire, la préhistoire de mon désir...

lundi 18 août 2008

Jouissance orpheline

" ...Et que d'une fillette qui ajoute la nuit à l'oeuvre de sa main...
J'entends sonner dans les chambres solitaires
Le chant aigu..
."

Canti, Giacomo Leopardi.

Je me souviens de la première fois où elle m'a avoué s'être caressée en pensant à moi...

Elle m'a chanté, car c'était un chant souverain, sa toison perlée de désir humide, son corps frémissant, toutes ces images dans la tête, le corps tendu à se rompre et sa main qui, en un instant décisif, s'est perdue dans sa toison sauvage pour aller darder ce bourgeon gorgé de sang d'ondes salvatrices.

Elle m'a avoué son cri, léger, qui a percé l'après-midi comme une note de Richter le cristal berlinois.

Elle a pleuré cette jouissance forte mais tronquée.

Je lui ai cité ces mots d'avant, ces mots sur ces jouissances orphelines, qui ne sont qu'appel de l'amant éloigné.

Je songeais en lui parlant à cette jouissance orpheline. J'en savais le scénario, j'en connaissais les modalités. Combien de fois déjà au cours de nos ébats mes doigts s'étaient emparés de cette jouissance orpheline pour la tuer et la faire renaître partagée. J'ai vu, en un éclair, ses jambes s'agiter, ses lèvres se teinter d'un rouge carmin, son clitoris durcir comme un tison ardent. J'ai senti ses flux s'écouler, car, chez elle, le désir est eau. Je me suis enivré de son parfum poivré. Je me suis plongé dans ses yeux pour guetter le moment où tout bascule, où tout n'est plus qu'une fièvre qui s'allume.

J'ai été jaloux d'avoir été privé de ce moment.

J'ai été heureux de susciter en elle de tels moments.

Je lui ai dit mon amour, mon désir toujours plus grand, mes envies encore plurielles...

Elle n'a rien dit d'autre que la péroraison de ce chant aigu dont parlait le poète...

"Oh... Savinien..."

dimanche 17 août 2008

Quelques kilos de trop et vérité voltairienne

Tu pleures souvent ton corps mince, ferme et jeune.

Tu t'en prends à ton corps d'aujourd'hui.

Sempiternelle refrain de la femme amoureuse, toujours inquiète.

La raison qui jamais n'abandonne, même à nos heures horizontales, t'inspire ce couplet.

La crainte se déguise en ostinato.

"J'ai dû prendre au moins deux kilos et pas dans les seins...(ah obsession féminine de ces seins qu'elles estiment toujours devoir avoir énormes, alors que les siens sont divins et qu'ils tiennent dans la paume de mes mains)..."

"Il va falloir que j'"investisse dans une bonne gaine !!"

Avec, j'espère, lui souffle-je dans un murmure qui l'inquiète, tout ce qui va avec...

"Qu'est -ce qui va avec ?" Rétorque-t-elle immédiatement, inquiète, prête à s'enflammer.

Une chose qui s'exprime en trois lettres...

(long silence)

Et la réponse, laconique, mais le silence peut aussi être signifiant.. :"oui"

Oh, je vais adorer cela, je complète, en péroraison...

(silence réjoui, j'imagine même le rouge colorant ses joues en songeant à ces douces images)

Ô kilos superflus, vous me devez la vie.

Ô superflu, chose bien nécessaire... Voltaire avait mille fois raison.

samedi 16 août 2008

Retour de voyage

Longtemps, je me suis couché de bonne heure... en rentrant de voyage...

Un jour, cependant, à la tombée du jour, je revenais d'Europe orientale, une femme m'attendait chez moi.

Elle m'avait demandé ce que je voulais qu'elle porte pour m'accueillir.

Des bas, seulement des bas lui-avais-je répondu.

Elle m'avait obéi, le plaisir des sens est le meilleur des caporaux.

Elle était donc là, j'ai posé les valises, elle avait préparé un repas, cela m'avait touché. Elle portait une robe verte et des bas sombres.

Nous nous sommes embrassés avec timidité au début, puis sans retenue aucune...

Naturellement, mon ventre s'est pressé contre le sien.

Naturellement, mes mains se sont glissées sous la robe. Et là...

La surprise.

Mes doigts ont caressé un sexe ouvert, et sans barrage pour retenir l'eau de son désir.

Elle a souri de ce sourire qu'ont les femmes quand elles vous offrent un cadeau inattendu.

Je l'ai entraînée dans la chambre du bas, tout en me déshabillant, c'était l'été, je ne portais presque rien.

J'étais nu sur le lit, mon sexe gonflé, elle retirait sa robe et je la caressais avec mon pied, son regard vacillait. Elle m'a avoué longtemps plus tard avoir été comme brûlée par mes yeux et ce pied qui lui pressait sans vergogne son intimité humide.

Elle s'est alors jetée sur moi, m'a prise entre ses lèvres tout de suite , intensément, puissamment. Je la caressais avec une main libre, je ne sais sincèrement plus ce que faisait l'autre.

Elle a poussé un petit gémissement, j'ai répondu par un cri appelé par sa caresse doucereuse.

Nous avons fait l'amour, partout, de toutes les façons sans doute connues dans cette partie de l'hémisphère, pendant plus de 90 minutes.

Elle n'a pas joui. La tension était sans doute trop intense ou étais-je trop empressé... La jouissance a ses mystères et je n'en suis pas le pontife, hélas...

Elle m'a dit, dans un souffle, "Oublions mon orgasme. Pensons au tien ! Baise-moi"

C'était à mon tour d'obéir, je crois.

Elle m'a fait jouir de ses doigts, certains flattaient ma prostate, d'autres agrippaient mon désir, et après que la première coulée eut souillé ses beaux seins, elle m'a repris dans sa bouche, y laissant mourir les jets suivants.

Puis, je l'ai embrassée, pour recueillir mon parfum intime sur ses lèvres carmins.

Nous nous sommes endormis de suite.

Le lendemain, nous avons fait l'amour, elle a joui, presque, tout de suite.

Une jouissance intense, aussi intense qu'elle avait été différée.

Merci à toi pour ce moment là...

Encore un matin déçu...

Un matin pour rien... comme souffle la chanson.

Un matin plein de soleil, pourtant. Il commençait bien.

La terrasse, le bois, le parfum du café, lentement, je m'éveille au monde.

Je feuillette la page des petites annonces.

A mon âge, il faut penser reconversion.

Je suis déçu.

Encore une fois, la profession que je désire ne se présente pas.

J'aimerai tant postuler pour devenir un conservateur d'un musée des jambes gainées.

Hier encore, mon sujet de thèse "Propositions d'historicité de la dialectique de la main masculine et de la poitrine féminine" a été refusé.

Le monde se refuse à moi.

Demain, je recommencerai pourtant...

vendredi 15 août 2008

Ma boulangère...

Ma boulangère...

Entre ma boulangère et moi, il n'y a rien.

Du moins, presque rien.

Il y a derrière ce rien, une attraction réciproque évidente.

Palpable. Légère. Evidente.

Elle sait, je sais qu'elle sait.

Ces regards qui s'allument quand je suis dans la file et qu'elle me voie. Ces yeux qu'elle baisse et qu'elle relève doucement, pour me lancer alors un regard qui vrille, qui fait de ma maturité et de ma pratique ancienne des femmes un souvenir, qu'écris-je...  un fantasme de puceau !

Ma boulangère érotise l'achat du pain au noix et de la religieuse. 

Je sais, c'est péché...

Ma boulangère répand l'érotisme comme un soir orageux les parfums.

J'aime ses yeux, j'aime sa maturité.

J'aime sa peau dorée par le soleil de l'été et j'aime la lumière que le coiffeur a mise dans ses cheveux pour la rendre plus désirable encore.

(penser à tuer ce coiffeur mais avant... le remercier)

Cela fait deux années que cela dure.

Le chemin du désir est long, la pente est rude, disait ce grand érotomane qu'est J.P. Raffarin...

Certes...

Nous avons progressé, maintenant, nous discutons un peu, les regards brillant de part et d'autre du comptoir. Ce ne sont que des petits mots, des mots de tous les jours.

Une fois, un jour, un matin, je franchirai le Rubicond et l'embrasserai par-dessus le limes du comptoir, mordrai ses lèvres pour y puiser le feu qu'elle allume en moi, pour qu'il continue de brûler.

Pour le moment, ce n'est que regard. L'érotisme est d'abord question de vue.

Je ressors de l'échoppe, avec un sourire aux lèvres (vous savez, ce sourire là...) et avec une envie certaine, très pénible en ces jours d'été, avec ces étoffes légères...

Tiens, il me manque du pain...

jeudi 14 août 2008

E... comme Erotisme...

Un mot sur toutes les lèvres, sans jeu de mots… quoique…, un mot qui s’affiche partout, sur les abris-bus, dans les placards du métropolitain, un mot qui s’énonce ad nauseam dans les spots radios et dans les étranges lucarnes.

E., moi aussi, j’écris ton nom. Car, je l’avoue, j’aime l’érotisme, cette sensation d’interdit. L’érotisme est peut-être le dictame de l’amour, ce qui l’entretient, ce qui le conforte, mais jamais ne le déclenche.

Si les marchands de rêve vendent l’érotisme (mais qui peut donc réfléchir au-delà du rêve ?) partout et donc nulle part, ce n’est qu’un ersatz, un érotisme light, allégé, pour tout écrire. L’érotisme n’est pas tout montrer, ou tout dévoiler, mais il suggère, il indique, il annonce, ce qui pourrait être et souvent ce qui ne sera pas. L’érotisme n’est pas sexy.

L'érotisme est ce qu'est l'impressionnisme dans la peinture, voire le pointillisme, des petites touches, légères, fragiles, futiles mêmes. Il ne détourne pas le regard, mais l'appelle et lui fait découvrir un inconnu pas encore entrevu. Etre érotique, c'est avoir faim d'inconnu, peut-être, comme Barnabooth... Mais un inconnu que l'on aime bien qu'il ne soit pas connu...

L’érotisme n’est ni système, ni globalité. Il est extrait, il est fragment, il est trace, il est intention. Et c’est déjà tant.

Un morceau de dentelles entrevu par accident, un soupçon de parfum sur une partie du corps où on ne l’attend guère, un éclat dans les yeux, un rai de lumière qui éclaire un corps, des tâches de rousseur sur une peau qui luisent soudainement au soleil, la manière de s’attacher les cheveux, un regard sur l'être aimé qui fait semblant de ne pas (sa)voir qu'il est regardé(e) …

L’érotisme ne possède aucune limite, il commence avant mais ne finit pas après, il est éternel, inusable, lancinant, il s'étire, il se dévide comme une bobine de soie. Comme l'image d'Ingrid dans Rear windows, et ce rythme lent qu'Hitchcock lui a donné lorsqu'elle va embrasser James Stewart...

lundi 11 août 2008

Traits adultérins

L'homme qui est séduit intéresse moins que l'Homme à séduire...

J'ai appris ainsi que les désirs que je nourrissais en elle, comptaient parce qu'ils lui permettaient de nourrir des désirs dans les yeux des hommes croisés et des hommes qui voulaient la séduire.

Elle se sent vivante ainsi en allumant le désir, mais ainsi, en me l'avouant sans pudeur, elle tue les miens.

Serai-je un prétexte, un facteur propice, un souffle, un vecteur, un objet, moi qui désirait tant être son sujet...

L'homme qui est séduit meurt parfois par les hommes à séduire...