jeudi 27 novembre 2008

Absences...


Demain, je franchirai à nouveau une mer, cette fois réduite à un bras étroit, celui que l'on appelle... la Manche...

Je retournerai à Londres, ville où j'ai vécu, il y a bien longtemps...

Londres n'est pas une ville romantique, comme peut l'être Paris ou Helsinki.

Londres est toutefois une ville faite pour les yeux masculins...

Les jupes si courtes que l'on croirait des shorts, des shorts si longs que l'on croirait des mini-jupes, des collants de toutes les couleurs, montrés jusqu'à la démarcation, les corsages éventrés sur des soutien-gorges de mauvaise qualité, les chaussures à talon bariolées, les tailleurs stricts de la City, les vêtements cold-wawe de Soho, les bottes et les jupes sages de Hampstead, les porte-jarretelles des policières de sa Majesté, les regards plantés droits dans les yeux, les cohortes de filles sortant bras-dessus dessous et riant comme des perruches (assertion contestable sur le plan animalier), les mêmes filles qui vomissent dans les toilettes la tête penchée sur une cuvette souillée et dont on voit l'absence de culotte, oubliée par terre, après une étreinte rapide avec le blondinet pectorisé... Les ladies toujours élégantes, même septuagénaires...

Pour tout cela et plus encore, Londres est une ville pour l'homme.

Et surtout pour l'homme du continent.

Le Français embrasse. Chacun d'eux est un ambassadeur de cette exception française, la seule qui vaille...

Le baiser...

Pour les baisers passés que j'ai donnés et pour ceux désormais que je ne donnerais plus en terre angloise...

Un refrain, un ostinato...

Comme le chantent les Clash, London's calling...

See you then...

jeudi 20 novembre 2008

Instantané d'urbanité, opus 1.





Jeune femme bien sage...
Les jambes plantées dans la toile sauvage,
Dardant effrontément ses fesses,
Sans retenue, comme un balancier plein d'ivresse,

Jeune femme si sage...
L'es tu vraiment, derrière ton image...
Sac déjà démodé... Mais dans la tendance...
Pour jouer sur la gamme des apparences...

Jeune femme peu sage...
Tu balances et du dos et du corsage,
Pleine d'urbanité et pourtant... si sauvage,
Tu les tues, tu les blesses, tu les outrages,

Jeune femme non sage...
Ce matin, comme un mirage,
Tu es apparue dans la rue, floutée
Brouillée, déjà réduite à une pensée...

mercredi 19 novembre 2008

Une parcelle de féminité

ll pleuvait hier soir sur Paris... Une pluie fine, doucereuse, qui dessinait des filaments et des étoiles dans les cheveux longs des femmes.

Je me suis laissé bercer par ces filaments, nouvelle toile, aux mille Pénélope. J'ai éteint mes yeux, et laissé mon sens olfactif s'emparer de ma raison. Commencer par où on n'a jamais commencé, comme écrivait Baudrillard.

Celle-là, a une odeur fade, jupe courte, collants opaques, bottes quelconques, parfum à la mode, sans attraits aucuns. Oublions là. Une odeur de bazar, d'estaminet, de discothèque, tout y est fallacieux, controuvé, sans individualité.

Celle-ci, est assise, sur des talons hauts, vernis, dont le noir lance des reflets et des aiguilles dans le coeur des hommes sensibles. Ses jambes sont entrouvertes, juste assez pour que le curieux ou l'obsédé voit qu'elle ne porte pas de collants. Elle se grise des regards masculins, s'en repaît. Elle sent la sueur, désagréable sensation, cette obstination de séduire à tout prix, toujours et encore, de chercher dans le regard des hommes l'antique phrase du miroir "dis-moi que je suis belle, dis-moi..." Même son odeur dit le mensonge et l'artifice.

Une autre odeur, plus jeune, plus forte, étrangère, africaine, là où les cornes de gazelle sont des pâtisseries qui éveillent le désir. Elle dispense une odeur puissante, musquée, comme un parfum orageux. Elle regarde par en-dessous, timidement, comme par accident, et son odeur danse comme un fantôme... Celle-là, l'homme qui l'aimera aura beaucoup de chance.

Un nuage de Chanel n°5, une odeur ancienne, dépassée, où l'âge dispute à la fragance, les volutes qui s'échappent de son lourd manteau sont comme les rides qui déchirent son visage. Un cri de détresse, un appel ultime, un souhait qui lentement meurt de ne pas être exaucé. L'odeur d'un tombeau qui lentement se renferme, vieux parfum dans un vieux flacon...

Un souffle de Guerlain, et la chanson de Gainsbourg souligne les vapeurs répandues, comme une invitation. Mais laquelle choisir ? Cette saveur a mille voix, "Je t'aime moi non plus!", "sex-shop", "requiem pour un con", "sex on the beach"... Un parfum juke-box, mais on entend aussi dans ce parfum, on sent aussi et surtout "que l'amour physique est sans issue..."

Et celui-là, celui-là, oui, celui-ci, qui fait tourner la tête et le nez, qui l'envahit, qui le submerge, qui le noie pour mieux le libérer et le faire renaître, ce parfum à nul autre pareil, ce parfum, terrien, insulaire, azuréen et âcre comme une insulte, un parfum qui prend, dont on s'éprend, celui du désir. Il est caméléon ce parfum, se cache derrière tant de vagues qu'il en devient incertain. ô compagnon infidèle; quand te sentirais-je de nouveau ? Quand feras-tu de moi ton hilote ou ton zélote ? Juste une fois, encore une fois, une véritable fois, une fois encore, rien qu'une fois, pour sentir, pour se ressentir ?

Et tant d'autres encore, tant de parfums, d'odeurs, qui tous disent que la femme est un parfum...

Parfum que bien des hommes ne posséderont jamais.

On peut être aussi un témoin olfactif...

samedi 8 novembre 2008

Un fruit, pas encore un dessert...

Hier soir, nous sommes entrés dans l'antichambre du Temple, la salle d'attente qu'est une synagogue.

L'audience était nombreuse. Il y avait longtemps que je n'y étais allé. A mes côtés, une jeune fille, une jeune femme. Vêtue comme elles le sont toutes aujourd'hui. Des bottes, des collants noirs, un short, un haut laissant entrevoir la vallée de sa poitrine, et dont le sillon était souligné par un pendentif en forme de tête de chat...

Elle était assise, un peu empruntée, un peu perdue. Son manteau largement ouvert sur ses jambes délicieuses, et dont le short laissait entrevoir presque tout le fil...

Un fruit, pas encore un dessert...

Une rose, pas encore prisonnière d'un vase, ni d'un bouquet...

Un fruit que l'on regarde sans envie, pour sa couleur, sa fraîcheur, sa texture, juste pour son caractère esthétique...

Un fruit, pas encore un dessert...

Ses jambes qui se croisaient et se décroisaient, son sourire timide...

Un fruit, juste un fruit...

Dans le lieu sacré, je me suis allé à des pensées profanes, sans explications préalables. Je me demandais si ses collants pourraient retenir le désir que je ferais sourdre en elle, par des petits mots griffonnés sur des papiers, comme au temps d'avant... Ou le laisserait-elle jaillir en ouvrant l'écrin de ses cuisses, comme un compas sur ses bottes ?

Le rouge mordrait-il ses joues ? Verrais-je le carmin envahir ses joues et se disputer avec leur rose ?

Un rai de lumière irait-il frapper sa chevelure cuivre et sa peau laiteuse sous le feu, sous le brasier de mon regard chavirant de désir ?

Serait-elle amusée de ces pensées dans un lieu sacré ? Ou indignée et en colère ?

Que ferait-elle sous le manteau de mon désir ? M'embrasserait-elle de suite dès la sortie pour consommer la réalité des mots même pas échangés ? Devrais-je être un pédagogue du baiser français, les jeunes aujourd'hui, ne savent plus guère embrasser...

Juste des pensées...

L'office est passé, vite, comme un éclair...

En se levant, elle m'a regardé et m'a dit "merci..."

Un fruit, pas encore un dessert...

Un fruit, pas encore un dessert, mais avec le goût du miracle...

dimanche 2 novembre 2008

Être...

Être...

Je suis une femme. Une femme qui est soumise à un instant, à ce moment, à ce temps, le temps de l'amant...

Enfiler une paire de bas noirs, aux larges jarretières de dentelle, signées d'un grand couturier.

Glisser dessus une étoffe légère, qui colle comme une seconde peau.

Être prête à muer pour son amant et s'en débarrasser vite, d'un geste précipité, comme si sa vie en dépendait.

Ne rien porter en bas, et lui avouer.

Qu'il sache, qu'il le sache sur le quai en m'attendant, qu'il me regarde, comme la passante de Baudelaire, balancer le feston et l'ourlet, et savoir qu'en haut de ces bottes noires qui montent haut, il n'y a aucune frontière, aucune limite, aucun obstacle à ses mains brûlantes ou à sa langue agile...

S'interroger. Pourquoi ne regarde-t-il pas mon ventre nu, ou presque ?

Se torturer. Pourquoi est-il distant ? Qu'ai-je fait, qu'ai-je bien pu dire ?

"Mais pourquoi sourit-il ?"

Marcher lentement dans les rues de cette ville, s'asseoir dans cette voiture aux larges sièges, remonter, comme par erreur, cette robe si légère.

Lui laisser entrevoir la naissance de ces bas, qu'il aime tant et que j'ai enfilés pour lui.

Attendre, espérer, croire en sa main sur mes cuisses. Implorer sa main.

Avoir son désir comme seule divinité.

Devenir une mécréante, sa catin, sa courtisane, sa communiante, sa catéchumène...

Sacrifier à son panthéon, s'offrir à son sacrifice.

Me laisser aimer dans l'escalier comme une femme par un soudard.

Me laisser clouer contre la porte d'entrée, sentir sa main soulevef ma cuisse, et avoir le souffle coupé quand il m'investit de son désir, un sourire aux lèvres, tandis que je ne suis plus qu'un souffle.

Me laisser aimer, d'un seul trait, d'un seul jet et recueillir sa jouissance comme un trophée.

Lui offrir la mienne comme un cadeau. Maintenant ou plus tard.

S'écrouler ensuite à terre, comme un chasseur blessé, comme l'Adonis de la Diane que je suis, même si c'est moi qui saigne...

Être sa femme à lui, dans des heures verticales, dans des heures horizontales, dans ces heures lucioles...

Être...

Être. Être une femme... Être cette femme...