C'était hier, c'était naguère...
Pas dans un palais vénitien, l'Italie m'ennuie. Mais dans une de ces poussières de terre qui fait de mon île un archipel...
C'était une dame, enfin, je le croyais.
C'était une catin, enfin, je l'ai appris.
Le temps est passé sur les plaies. Il reste, non pas les souvenirs, mais les scenarii.
Elle était nue devant moi, nue ou presque...
Je me suis déshabillé à mon tour, elle a lu, elle a vu, elle a su mon désir, je ne sais ce qu'il lui inspirait, la question n'était pas là.
Et je l'ai caressée, là où vous savez avec une... plume...
Juste là, oui, là !!!
Juste là avec une plume...
Et j' avoue, j'ai écouté monter son plaisir, lentement, une plume c'est léger, ce n'est presque rien, vous savez, il y a eu des paliers, des rémissions, des précipitations, lentement, il est monté, sous la caresse d'une plume...
Au moment ultime, la plume a volé une dernière fois... Belle mort pour cette plume que de donner le plaisir.
Puis, alors, je l'ai descendue du lit, pour l'agenouiller devant, le dos face à moi, et je suis venu en elle, obstinément, elle avait pris ma main pour l'embrasser et je venais toujours en elle, obstinément, longtemps, longtemps, comme elle aimait, comme elle attendait que je fasse, comme Duras l'attendait de son amant...
Ensuite, j'ai ouvert la fenêtre, et laissé la plume mourir dans l"océan...
Cette plume, je ne le savais pas encore, c'était mon amour. Si profond et pourtant si léger qu'il est parti en un souffle.
Et pourtant, encore, je ressens l'appel de cette plume, car à mon carquois, j'en ai encore quelques-unes...
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