Il y a toujours une première fois, en tout, et pour tout, et même des premières fois qu'on n'attendait pas.
Le hasard d'une rencontre, le hasard d'une conversation électronique, qui, soudain, à un moment fallacieusement semblable aux autres, est détournée de son lit pour aboutir à un autre jeu.
Appelons là, Lysistrata.
Lysistrata soudain, donc, m'avoue ses envies plurielles, "
fessées subtiles, morsures et autres jeux", des plus détachés aux plus attachants. Amusant combien voir ces mots sur son écran et non plus sur ceux que je lis ailleurs bouleverse un peu.
Lysistrata prend donc rendez-vous, m'avoue ses envies, me dit son envie du moment, me raconte tout. Elle veut venir, épancher ses envies, qui deviennent miennes.
Lysistrata arrive d'un long voyage, bien long est le chemin pour arriver à moi, quand je vis sur mon île. Lysistrata était comme elle l'avait annoncée, des bas marrons, une robe fluide, nue en dessous, de haut en bas de ses bas. Lysistrata était humide de désir, jusque dans la voix, jusque dans le souffle.
Etonnant comme on peut faire abstraction de tout, des habitudes, des premières fois qui toujours, font un peu frémir. La mise en bouche fut des plus conventionnelles, et puis, à un moment, le jeu de libertin a viré vers le BDSM.
Amusant de voir, de savoir enfin, ce que cela fait, de dominer, de savoir une personne livrée à vous, totalement, corps et âme, jusqu'aux gestes forts.
Etonnant de voir combien la civilisation des moeurs peut reculer devant le salon des désirs.
L'impression devant les zébrures rouges de la peau marquée, comme l'impression de retirer des rideaux de velours sur une pièce que l'on croyait confinée.
La sensation d'écouter dans la voix de celle offerte une autre musique, où les gémissements semblent plus forts encore, plus primitifs, plus caverneux, où l'homme redevient le mâle, et où la femme se laisse manipuler comme un objet, comme un sujet.
Lysistrata est devenue Sophie, ce vieux conte pour enfants, où les jeunes filles se pâmaient devant les châtiments. Et où les lecteurs se pâmaient devant les jeunes filles qui se pâmaient...
Et je me suis rappelé ce qu'écrivait le divin marquis... adepte s'il en fût de ces jeux.
Un dictame apaisant ensuite, d'abord pour ses lèvres, puis sur sa peau, mais pas le même, évidemment, ont été la péroraison de cette séance. Elle s'est endormie ensuite, le souffle court, juste vêtue de ses bas, l'un descendait. Elle était un nuancier de rouges, elle si blonde, quelle belle alliance.
La fessée me rendait impressionniste.
Mes voisins du dessous, qui préfèrent se cogner les soirs de grand vent n'ont pas apprécié cette musique et ont tapé contre les tuyaux...
Petits, ils sont, même dans la colère.
Mais maintenant la voisine dans le grand ascenseur me regarde d'un oeil nouveau. La jouissance acoustique semble avoir éveillé en elle un intérêt pour les relations avec le voisinage.
Ma voisine... Ce serait tellement mâle, non ?