dimanche 14 septembre 2008

J'ose l'émasculation

Et si je m'émasculais...

Et si la prochaine fois, la fois prochaine, d'une main cruelle, d'une main souveraine, je m'émasculais...

Et si je retranchais de moi cette partie qui me fait irrémédiablement homme,

Et si eunuque je devenais, le temps d'un rendez-vous, (rassurez-vous, je ne suis pas encore devenu fou)

Quel beau défi ce serait ! Et pour combien d'hommes une aporie ?

Car j'ai envie de t'aimer sans céder à cette partie de moi, celle qui est mâle. J'ai envie de t'aimer comme le ferait une femme adepte de l"amour qui n'ose dire son nom", sans artifice, ni artefact, ni objet, sans rien d'autre que ce que la nature m'a donné.

T'aimer avec cet arsenal...

T'aimer avec cruauté, car je serai cruel, car blessé.

Ma langue en te caressant ne t'accordera pas le déchirement du plaisir ultime, elle s'arrêtera à temps, ton souffle et ton ventre me le diront, car toujours, sous mon emprise, ils te trahiront, comme ils t'ont trahie...

Je jouerai avec ton bouton, de mille façons, mais surtout de cette façon-là, qui était inconnue de toi, en l'aspirant comme si je voulais l'extirper pour l'avaler et le conserver au plus profond de moi. Je le titillerai, de haut en bas, il sera parcouru, gravi, dix fois, quarante, cent fois, je l'apaiserai, immonde que je serai, de mon souffle, ou je t'aimerai alors de mes yeux...

Je te caresserai comme un païen une idole adulée, de mon regard de profane, de mes yeux de mortel,

J'imprégnerai mon nez de tes parfums, tous, les plus intimes, cette odeur marine, mais aussi les sucs qui s'écoulent sous tes bras, l'eau qui fuit de tes lèvres pétries au four des miennes, tes lèvres seront une farine, mes lèvres seront ton levain.

Et mes doigts et mes mains ne seront pas délaissés, je te les laisserai. Je t'investirai dans tous tes orifices, l'envers et l'endroit, pour te faire chevaucher les destriers du plaisir, et au dernier moment, ma chérie, ils te désarçonneront, tu ne connaîtras la dernière ruade que lorsque je l'aurai décidé. L'eunuque dispose de la reine douairière, relis l'histoire de Chine.

De ton corps brûlant, mes mains souligneront ta géographie. Ils se feront voiles, ils deviendront étoffes, ils seront pinces. Les pics de tes seins n'échappera pas à leur tenaille, tu crieras, en vain, la castration s'accompagne d'une perte de l'audition, tu ne le savais pas, lis donc sur mes lèvres, plus proche, plus près...

Et quand tu ne seras plus qu'une voix, qu'un feu, qu'une supplique, qu'une demande, quand tu seras à genoux, quand tu m'imploras, quand tu me prieras, peut-être, peut-être que tu auras la communion...

14 commentaires:

Anonyme a dit…

Acte d'amour sans pénétration
me rappelant de doux frissons
absence de contraceptif ou fidélité
mais où je me suis totalement donnée

Ce n'est pas une aporie
mais un machiavélique défi
pour lui qui n'aura de répit
d'aiguiser tous ses appétits

Quand à elle, festin de roi
elle n'aura pas vraiment le choix
que de se faire dévorer
et dans l'embrasement se consumer

C'est dans le manque d'un sens
d'une frustration que tout augmente
mais avec ou sans communion
moi je ne vois qu'une douce fusion

Savinien a dit…

@ Multi-sourire : vos mots, madame, chantent et cette chanson me ravit.

Vous en avez compris l'essence, avec cette phrase "c'est dans le manque d'un sens...". D'où la force de votre mélodie.

Je vous en remercie.

Anonyme a dit…

attention c'est définitif ....

Savinien a dit…

@ Dangaran : diantre, cela fait réfléchir... ;-)

Anonyme a dit…

un vrai suplice digne de celui de tantale, oserai-je dire

Petite Fr@nçaise a dit…

Quelle ardente supplique sacrificielle !
Bravo.

B

Savinien a dit…

@ Perspéphone : ou de Sysiphe... Il y a un peu d'épopée dans ce supplice, vous avez raison.

Savinien a dit…

@ Petite Fr@nçaise : Je prends votre bravo comme un cadeau.

J'apprécie de voir, aussi, que vous avez saisi toute la dimension sacrificielle de l'acte, qui me fait païen devant l'idole.

Une idole peut elle être chose qu'une femme d'ailleurs...

Anonyme a dit…

Je connais ces plaisirs... et je peux bien avouer... qu'il est surhumain de résister à un eunuque volontaire...
Parce qu'il s'agit bien de cela... n'est ce pas ?

Ce sentiment d'être aimée autrement est un supplice des plus délicieux...

J'aime les mots que vous choisissez.

Savinien a dit…

@ Lysis : il y a de cela, en effet... Pousser la résistance, la tendre jusqu'à son point de rupture, savourer ce temps incertain où l'autre profite de cette carence volontaire comme ce qu'elle est, un présent.

Il y a tant de voies différentes pour aimer, il faut savoir en choisir des peu pratiquées, de temps à autres.

Qu'en dites-vous ?

Anonyme a dit…

Je dis juste que la recherche du plaisir peut revêtir bien des chemins... Tant que ceux ci n'abiment pas ceux des autres... j'aime l'idée de les parcourir...

Savinien a dit…

@ Lysis : vos mots sont les miens, en tout point...

Anastácio Soberbo a dit…

Olá, goût très du Blogue.
Excuse ne pas écrire plus, mais mon français n'est pas bon.
Une accolade depuis le Portugal

Savinien a dit…

@anastácio soberbo : Ola. Merci pour la visite. Belles photos sur ton blog...