Hier soir, nous sommes entrés dans l'antichambre du Temple, la salle d'attente qu'est une synagogue.
L'audience était nombreuse. Il y avait longtemps que je n'y étais allé. A mes côtés, une jeune fille, une jeune femme. Vêtue comme elles le sont toutes aujourd'hui. Des bottes, des collants noirs, un short, un haut laissant entrevoir la vallée de sa poitrine, et dont le sillon était souligné par un pendentif en forme de tête de chat...
Elle était assise, un peu empruntée, un peu perdue. Son manteau largement ouvert sur ses jambes délicieuses, et dont le short laissait entrevoir presque tout le fil...
Un fruit, pas encore un dessert...
Une rose, pas encore prisonnière d'un vase, ni d'un bouquet...
Un fruit que l'on regarde sans envie, pour sa couleur, sa fraîcheur, sa texture, juste pour son caractère esthétique...
Un fruit, pas encore un dessert...
Ses jambes qui se croisaient et se décroisaient, son sourire timide...
Un fruit, juste un fruit...
Dans le lieu sacré, je me suis allé à des pensées profanes, sans explications préalables. Je me demandais si ses collants pourraient retenir le désir que je ferais sourdre en elle, par des petits mots griffonnés sur des papiers, comme au temps d'avant... Ou le laisserait-elle jaillir en ouvrant l'écrin de ses cuisses, comme un compas sur ses bottes ?
Le rouge mordrait-il ses joues ? Verrais-je le carmin envahir ses joues et se disputer avec leur rose ?
Un rai de lumière irait-il frapper sa chevelure cuivre et sa peau laiteuse sous le feu, sous le brasier de mon regard chavirant de désir ?
Serait-elle amusée de ces pensées dans un lieu sacré ? Ou indignée et en colère ?
Que ferait-elle sous le manteau de mon désir ? M'embrasserait-elle de suite dès la sortie pour consommer la réalité des mots même pas échangés ? Devrais-je être un pédagogue du baiser français, les jeunes aujourd'hui, ne savent plus guère embrasser...
Juste des pensées...
L'office est passé, vite, comme un éclair...
En se levant, elle m'a regardé et m'a dit "merci..."
Un fruit, pas encore un dessert...
Un fruit, pas encore un dessert, mais avec le goût du miracle...
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4 commentaires:
Avez vous parlé ou murmuré
ce que je lis de ce billet
pour comprendre ce doux "merci"
qu'elle vous a doucement dit
Un fruit mais pas encore un dessert
un goût de quelques années en arrière
un goût passé, futur, jamais présent
un goût qui reste malgré le temps
@ Multi-sourires : mes lèvres furent closes, seule ma pensée a parlé, ce n'était pas un dialogue, je soliloquais sur les chemins solitaires du désir, qui sont les miens désormais.
J'aime beaucoup cette image du goût jamais présent, c'est tout à fait cela. Une fois de plus, chère polysouriante (;-)) vous avez le mot juste...
Très à vous.
Il y a une étonnante sensibilité dans ce texte. Je m'interroge souvent sur les multiples composantes du désir, chez un homme. A vous lire, cela devient simple. Vous mettez de la poésie sur ce qui pourrait être trivial et cru.
Peut-être est-ce cela qu'elle a senti. Votre âme sensible conjugée à vos pensées profanes.
B
@ petite française : j'énonce le d"sir tel que je le ressens, sans affétérie, c'est peut-être cela la raison, mais une fois de plus, merci pour ce beau compliment, et pour votre sensibilité surtout, à ces mots...
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