L'auteur de ce roman (fabuleux) me pardonnera, si jamais il s'aventure dans ces eaux vertes, l'emprunt de son titre. Mais il me permet d'évoquer, à la manière de Proust, sans toutefois son talent et son goût pour les hommes, deux de mes Madeleines. Un vieux roman et ces cheveux intimes que l'on dit poils...
Naguère, le poil intime était dru, sauvage, indiscipliné, dense et envahissait tout. Je me souviens, dans mes débuts priapiques de ces femmes allemandes (certaines toutefois étaient sans aucun doute Autrichiennes, l'épilation aussi milite pour l'Anschluss...), dont l'entrejambe des maillots laissait échapper des poils, dans une vision vulgaire, mais cruelle, qui me fit prendre conscience tôt que les fausses blondes teutonnes étaient hélas légion.
D'où une prédilection affichée vers les brunes, qui, elles ne mentent pas.
Puis peu à peu, sur les plages, nous vîmes (souvenez-vous) disparaître les poils, ces milliards de cheveux intimes. D'abord, un peu, puis beaucoup. Pour aujourd'hui, semble t-il être devenus has-been. Le poil n'est plus à la mode, la toison doit être rase, lisse comme un abricot.
Peu à peu les hommes ont suivi le mouvement.
Le rasoir se fit inférieur, comme on le notait dans les vestiaires.
Je me souviens de mon premier rapport sans cette pilosité qui m'encombrait. C'était comme une première fois, avec des sensations inconnues du profane, et un sentiment de communion indéniable.
Lors de mes excusions nipponnes, je découvris, ébahi, que c'était dans cette contrée où l'érotisme est une religion, un fait de civilisation (gros mot aujourd'hui que vous me pardonnerez d'arborer l'égard d'un moment).
Bien que devenu glabre, rasé du bas, mais mysopogon du haut, dans les souvenirs de mes premiers émois, dont la nostalgie est aussi agréable que le premier baiser d'une rencontre à venir, ce sont toujours pourtant, comme une barbe rebelle, des images peu épilées qui surgissent.
Ou la survivance de quelques-uns de ce milliard de cheveux...
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