dimanche 2 novembre 2008

Être...

Être...

Je suis une femme. Une femme qui est soumise à un instant, à ce moment, à ce temps, le temps de l'amant...

Enfiler une paire de bas noirs, aux larges jarretières de dentelle, signées d'un grand couturier.

Glisser dessus une étoffe légère, qui colle comme une seconde peau.

Être prête à muer pour son amant et s'en débarrasser vite, d'un geste précipité, comme si sa vie en dépendait.

Ne rien porter en bas, et lui avouer.

Qu'il sache, qu'il le sache sur le quai en m'attendant, qu'il me regarde, comme la passante de Baudelaire, balancer le feston et l'ourlet, et savoir qu'en haut de ces bottes noires qui montent haut, il n'y a aucune frontière, aucune limite, aucun obstacle à ses mains brûlantes ou à sa langue agile...

S'interroger. Pourquoi ne regarde-t-il pas mon ventre nu, ou presque ?

Se torturer. Pourquoi est-il distant ? Qu'ai-je fait, qu'ai-je bien pu dire ?

"Mais pourquoi sourit-il ?"

Marcher lentement dans les rues de cette ville, s'asseoir dans cette voiture aux larges sièges, remonter, comme par erreur, cette robe si légère.

Lui laisser entrevoir la naissance de ces bas, qu'il aime tant et que j'ai enfilés pour lui.

Attendre, espérer, croire en sa main sur mes cuisses. Implorer sa main.

Avoir son désir comme seule divinité.

Devenir une mécréante, sa catin, sa courtisane, sa communiante, sa catéchumène...

Sacrifier à son panthéon, s'offrir à son sacrifice.

Me laisser aimer dans l'escalier comme une femme par un soudard.

Me laisser clouer contre la porte d'entrée, sentir sa main soulevef ma cuisse, et avoir le souffle coupé quand il m'investit de son désir, un sourire aux lèvres, tandis que je ne suis plus qu'un souffle.

Me laisser aimer, d'un seul trait, d'un seul jet et recueillir sa jouissance comme un trophée.

Lui offrir la mienne comme un cadeau. Maintenant ou plus tard.

S'écrouler ensuite à terre, comme un chasseur blessé, comme l'Adonis de la Diane que je suis, même si c'est moi qui saigne...

Être sa femme à lui, dans des heures verticales, dans des heures horizontales, dans ces heures lucioles...

Être...

Être. Être une femme... Être cette femme...

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Ne m'en veuillez pas cher ami
si dans vos mots je me suis prise
tel un filet de douceur et d'amour
être cette femme, le suis-je ou le serais-je un jour ?

Tendrement

Savinien a dit…

@ multi-sourires : vous êtes femme, c'est évident.

Êtes-vous celle en train d'être ? La femme est toujours en devenir, c'est une des raisons pour lesquelles nous les chérissons tant.

Agréablement,

Anonyme a dit…

Voilà encore vos mots ensorceleurs qui nous emmènent au fond de nous... de nos émois... de nos attentes... de nos doutes, que vous devinez...
Vous semblez si bien nous savoir...

Savinien a dit…

@ Lysis : fallacieuse apparence des choses, chère poupée de chair.

Si seulement, si seulement...

Bien à vous.

Anonyme a dit…

etre, encore et toujours. Ne jamais cesser, toujours esperer. Etre prete, a toute eventualité. Toujours et......... Encore

Savinien a dit…

@ Perspéphone : oui, exactement, être est un état d'esprit, même si l'attente étiole l'état d'être.

Anonyme a dit…

L'être cette femme, à vous lire il me semble que vous savez divinement le faire

"A une passante...", vos mots du 29.09 me parlent bien plus que de raison...

Mais que vous dire si ce n'est que j'ai aimé passer ce moment chez vous...

Savinien a dit…

@ Soleildejuillet : que vous écrire, à part merci pour vos mots, si ce souhait, de vous lire encore dans ces murs qui vous sont ouverts.