mardi 9 septembre 2008

Chasseur de désir

Bien sûr, il faut parfois oser l'indécence.

On peut, on doit, on va, on a joué avec l'indécence. Parfois, souvent, elle est venue en transparence. Sans rien dessous, sans aucune étoffe, ni voile léger, ni même une gaze diaphane, aussi congrue que la moralité qu'il subsistait en son esprit.

Bien sûr, quand la main rencontre sans obstacle le creux intime, la toison adorée, on se sent Jason, on se sent vainqueur, et souverain. Bien sûr, l'émoi est grand, évidemment, l'invitation est plaisante.

La savoir offerte, déjà ouverte, prête à tout, y compris à se laisser investir, d'un trait, d'un coup, d'un seul, d'un jet d'archer, dans l'ascenseur, au pied de l'escalier est divin...

Bien sûr...

Mais j'aime autant le contact de ma main sur un voile qui protège à peine et qui renseigne beaucoup. Je me souviens d'un short diaphane blanc, quelques grammes de soie à peine, sous sa robe noire.

Après tant de baisers et de caresses, ma main est venue la toucher cette étoffe. Elle était toute humide, toute perlée de ce désir qui répandait des parfums comme un encensoir, comme un calice. Ce calicot appelle le sacrifice, la communion.

Et continuer alors à caresser en la pressant, en la parcourant, tandis que les flux ainsi nourris transforment la soie précieuse en un torchon, en une ficelle infâme et laide, qui se tord, qui se fiche dans la faille béante.

Les doigts sont parfois un bien mauvais couturier qui, du noble tissu, font un haillon.

Tandis que le désir dévaste cette digue de convenance comme un cyclone une butée de la Nouvelle-Orléans, le désir y creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et alors que nos mains affaissent, enfin, cette digue, et qu'elle s'écroule alors, mouillant à son tour la cuisse de celle qu'elle était censée protéger...

Et prendre d'une main conquérante ce vestige, ce bout de rempart, ce morceau souillé et sali, le renifler, l'hûmer, s'en imprégner et déposer comme un hommage sur les lèvres de celle qui le portait, il y a encore peu...

Non, mesdames, de temps en temps, souvent, s'il vous plaît, gardez ces attributs...

Ils sont comme nos trophées. En tout homme sensible réside un chasseur de désir...

14 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime vraiment l'image des chasseurs d'idées...
Merci de vos visites et de vos mots chez moi...

Anonyme a dit…

Chasseur, Chasseur, quel trophé etrange...
Plus il est petit plus le challenge est grand je suppose

Savinien a dit…

@ Lyzis : Vous lire est un grand plaisir, ma chère. J'aime beaucoup aussi cette image, une image propice.

Savinien a dit…

@ Perséphone : La valeur du trophée n'est pas proportionnelle à sa taille, non, ni même sa géométrie. Non, seul importe son état après la traque, si j'ose écrire. Je ne goûte qu'aux trophées perlés, chiffonnés, tordus du désir que le chasseur a fait naître. A quoi bon sinon...

Anonyme a dit…

tout a fait, à quoi bon... Perdre du temps. S'il n'est point parfumer, autant le cueillir dans son emballage. Bien moins amusant

Savinien a dit…

@ Perséphone : Exac-te-ment ! Sans aucun attrait sinon, juste un bête tissu...

Anonyme a dit…

"En tout homme sensible réside un chasseur de désir..."

J'aimerai dire alors avec éclat
qu'en toute femme réside une proie
une féline, une soumise qui espère
être chassée et mise à terre ;-)

Savinien a dit…

@ Multi-sourires : si seulement... :)

Petite Fr@nçaise a dit…

Ah ! ainsi est-ce donc cela un homme sensible... ou plutôt une de ses facettes : un chasseur de désirs.

L'exploration de la sensibilité des hommes est une des mes passions, sinon ma passion. Vous m'en donnez une clé de sublime manière. Votre texte est superbe. Force et densité. Obscur objet caché révélé, froissé, souillé, transformé. Impudiquement dévoilé, magnifiquement révéléteur d'un état d'indécence.

B

Anonyme a dit…

Oui, Savinien, vous avez raison
"Si seulement".. quels frissons..
Mais la proie sensuelle que je suis
a peu vu de chasseur dans sa vie

Sensibilité, Sensualité et désirs
Recontre de deux êtres.. magie ?
J'ai envie d'y croire et un sourire
vient à se troubler avec un soupir

Savinien a dit…

@ Petite fr@nçaise : merci, oh oui merci pour cet éloge. De la part d'une vestale, il me va droit au coeur.

Chasser, traquer, cueillir même (le chasseur est cueilleur aussi) les désirs, constitue, en effet, une de ces sensibilités masculines. Je constate, amusé, que bien que Vestale, vous êtes aussi une Diane...

Savinien a dit…

@ Multi-sourires : il est hélas peu de chasseurs et peu de proies. C'est cela la fortune cynégétique mais aussi sa terrible rudesse... Sourire et soupir, quelle belle association.

Anonyme a dit…

superbement dit ...
ça réchauffe les yeux

Savinien a dit…

@ Dangaran : de votre part, chasseur de jolis mots, c'est un grand compliment.