mercredi 24 septembre 2008

Si...

Si j'étais Gepetto,
Je ne serais toujours pas bien beau,
Vieilli, le dos lourd, les mains usées,
Le visage buriné mais toujours bronzé...

Avant la venue de la maîtresse, je parfumerais mes lèvres à l'Amaretto,
pour donner à mes baisers une saveur sucrée et capiteuse, un parfum nouveau,
qui ferait renaître en la femme mûre et volage,
l'enfant d'avant, si timide bien que peu sage,

Je choisirais le meilleur cuir, la plus belle soie,
L'amour crée certes des liens,
Je préfère les miens...
Je la lierais à mon lit, à un escalier, jamais à moi...

La fenêtre de mon atelier serait ouverte,
A la nuit, tes suppliques seraient offertes,
Et le bruit de nos émois donnerait à la cité,
Comme un parfum sauvage et épicé...

Elle serait alors une égérie, un modèle, un repoussoir,
Pour celles, les autres, les délaissées, les oubliées, les niées,
Elle serait une invite à reprendre la liberté,
L'étreinte n'est ni une ergastule, ni un mouroir...

Son corps, son visage, seraient mon établi,
La moindre de ses aspérités, ses creux, ses plis,
S'offriraient aux coups de mes savants outils,
Et j'aurais du coeur à l'ouvrage, amie...

Je commencerais par là où on n'a jamais commencé,
Son bas droit serait le gant de ma première caresse,
Et puis, souillé de ses flux sacrés,
Je l'enfilerais à nouveau sur sa cuisse avec tendresse...

Je laverais sa toison avec mon meilleur lait, avec les plus grands vins,
Pour goûter le mélange inconnu du profane et des catins,
De son odeur et des liquides agricoles,
Pour ensuite, Barbare, Indien, la souiller de mon sperme frivole...

Qu'écrire du creux de ses reins ?
Aucun chemin n'est étranger à mon apostolat,
Et il est tant, et temps de lustrer de mes lèvres magentas,
Ce pli intime, ce pli étroit, ce creux souverain...

Hélas... Déjà la raison reprend ses droits. Jamais elle n'abandonne,
Et les heures sages leur chant déjà entonnent
Tu n'es pas Gepetto...
Il te manque une Pinocchio...

6 commentaires:

Anonyme a dit…

C’est exact, vous n’êtes pas Geppeto
Et vous n’avez pas une Pinocchio
Car votre prénom c’est Savinien
Et je pense que vous avez de belles mains

J’aurai presque envie de vous dire
La vérité, mais dans un sourire triste
Pinnochio avait besoin d’une conscience
Voulez vous vraiment aller dans ce sens ?

Alors je vous souhaite de rencontrer
Une douce sans tailler ou devoir modeler
Et si je dois formuler des mots à la Fée Bleue
Ce sera l’immobilité de son nez, voilà mon vœu !

Savinien a dit…

@ Multi-sourires : la conscience, dans le désir, est souvent ce qui empêche l'âme de s'affranchir de tout ce qui la relie. A cela, je souscris et comme Faust, je suis prêt à le signer de mon sang ;-)

Oh oui, non pas une fée, je n'ai rien d'un prince, mais avec un nez immobile... figé dans la vérité. Oui, oui...

Anonyme a dit…

Moi j'aime les mots que vous tournez si bien... et vous devriez avec votre art trouver, une jolie pièce de bois tendre à travailler...
La musique que vous promettez et la délicatesse de vos mouvements... tout cela est si prometteur...
Il ne suffit pas de s'appeler Geppetto... alors comme lui faites confiance à la fée...
Quand au nez qui remuent... c'est en effet à éviter...

Savinien a dit…

@ Lysis : hélas, chère vous, la fée ne s'intéresse guère à moi. Vieille histoire depuis le berceau déjà. Qu'importe. J'ai au moins le plaisir de vous ravir. Cela est un dictame.

Je rêve d'un monde où les femmes n'auraient que des nez immobiles. Aurai-je Gepetto abusé de l'Amaretto ? ;-)

Bien à vous,

Anonyme a dit…

Daemon vous irez mieux. En Maître des illusions, liberateur des ames, les belles a votre guise lierez à vos fantaisies, Pour un plaisir pervers, et Ô combien rejouissant. Non ?

Savinien a dit…

@ Perséphone : l'idée est séduisante, ô combien. Maître des illusions et lieur es fantaisies...

Il me reste à trouver l'université où décrocher ce titre envoûtant...