mardi 2 septembre 2008

Eloge d'une femme mûre (suite et fin)

Le repas est passé, agréablement, nous n'étions pas des commensaux.

Nous étions même assez éloignés l'un de l'autre... La fin du repas a sonné, un regard, un seul, sans insistance...

Tout était évident, comme cela peut l'être dans de tels moments. Le corps a ses langages, et les mots sont superfétatoires, des accessoires d'un autre âge, rangés, ailleurs, loin... Ce soir, était venu le temps d'une autre grammaire...

Je remonte dans ma chambre, branche l'ipod... laisse ouverte la fenêtre qui donnait sur un parc, la vie forestière donnait comme un écho champêtre à la musique qui retentissait.

Deux coups à ma porte... Furtifs, mais décidés... Comme si je rêvais.

Mais je ne rêvais pas.

Elle est entrée, fraîchement parfumée, remaquillée. Qui écrira un jour combien il est touchant pour les hommes de bénéficier d'autant d'attentions et d'intentions de la part des femmes qui leur sont proches ? Elle a posé son sac sur le bureau.

C'était un album de Miles. Je vous raconterai un jour le caractère assurément érotique de cet album là, qui permet d'aimer une nuit entière, avec cent variations l'amante noyée dans votre couche, qu'il va falloir ranimer de votre bouche.

Nos lèvres ont été closes de suite.

Une fois encore, en bon ambassadeur de ce que nous avons de meilleur, je lui ai donné le remords de ne pas vivre en terre de France, là où les hommes embrassent avec délice, en ne dédaignant pas employer la langue, instrument incomparable du désir. Seul le Français ou la Française donne au mot embrasser sa réalité pleine et entière.

Une fois encore, en plénipotentiaire avisé, je lui ai montré que la langue ne servait pas qu' à embrasser, mais qu'elle était à la fois un aiguillon du désir et un de ses serviteurs. Pas une once de sa peau germaine n'a échappé à ma langue gauloise. Ce jour-là, la Guerre de Trente ans a été effacée de notre histoire...

Et puis, ma langue est descendue, plus bas, au creux de ses jambes, sur, d'abord... sa faille charnelle, puis aux alentours, ne pas se presser, le Français aime laisser le temps au temps... Puis, insensiblement, tandis que mes doigts parcouraient la géographie de son ventre, la vallée de ses seins, puis enfin les replis plus intimes, trop souvent délaissés. C'était ma proie, c'était mon butin, j'étais un reître, un soudard de l'amour... Elle était mienne, j'étais souverain.

Ma langue enfin a pénétré sa fente intime, d'un trait, d'un jet, comme un aiguillon, pour lécher et puis de temps à autre absorber comme pour l'extirper son clitoris... Elle a entonné alors un monologue, une sorte de sabir en allemand et en français, tour à tour adagio et forte. La jouissance approchait au fur et à mesure de mes sussions, toujours arrêtées au moment ultime, pour qu'elle ne soit plus qu'une corde prête à se rompre, qu'elle appelle, qu'elle supplie, qu'elle crie... Elle était ma proie, mon butin, j'étais un soudard, mercenaire de l'amour...

Mais hélas le gentleman en moi a tué le vilain soudard, et d'une pression plus forte, elle a joui, en me serrant de l'étau de ses cuisses, me comprimant tout en exhalant un soupir sans fonds...

Je me suis écarté ensuite, tandis qu'elle s'apaisait, j'ai voulu l'embrasser, lui faire goûter son propre désir, elle m'a essuyé les lèvres d'une de ses mains... Les moeurs germains auraient gagné à ce que nous annexions l'autre rive du Rhin.

Puis, elle m'a allongé à son tour, pour me cueillir de ses lèvres, dans l'intention évidente (elle me repoussa à chacune de mes tentatives pour me redresser) de me faire venir dans ce doux fourreau...

Il est des moments où la raison abandonne et où le plaisir détonne... J'ai donc capitulé...

J'étais sa proie, son prisonnier...

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour, et premiers pas sur votre blog, une amie, un de vos coms m'ayant conduit chez vous. Il semble que vous savez parfaitement sublimer la Femme et les jeux de l'amour, sourire. C'est, ma foi, fort agréable. Je continuerai a venir ici, un univers qui peut sembler eloigner du mien mais qu'il ne l'est pas tant.. Amicalement. Maitre P

Savinien a dit…

@ Maître P : Merci de vos mots et bienvenue ici, dans ces murs. Ce sont mes premiers pas dans cet univers, et j'y découvre des frontières assez poreuses, comme vous le suggérez si bien.

Au plaisir de vous lire, ici et ailleurs.

Anonyme a dit…

J'adore... comment ne pas aimer
ce combat, cette dualité
ou personne ne gagne à la fin
parce que tout est à chacun...

merci

Savinien a dit…

@ Multi-sourires : l'amour n'a de combat que d'allure et parfois les odeurs, peut-être la saveur, la stratégie, la tactique, l'imagination, mais il n'y devrait pas y avoir de vainqueurs, seulement des vaincus, rompus de fatigue et de désirs assouvis et... accablés par les étreintes à naître...

Je vous en prie, chère amie.

Anonyme a dit…

Et bien, je vois que de l'un à l'autre, nous avons tous atterris chez vous...
Je découvre donc, comme Sourire et Phénix et comme eux je savoure...

Savinien a dit…

@ Lysis : bienvenue alors. Je suis ravi que les méandres de la toile vous ai conduit ici...

Merci de vos mots... Et savourons en effet, les mots écrits, les images évoquées et les comentaire suscités.

Avec la joie de vous retrouver.