dimanche 31 août 2008

Eloge d'une femme mûre d'outre-Rhin (partie I)

Un temps, je fus Allemand.

Le temps d'une mission. Le temps de l'office.

C'était dans le sud, dans une région que je connaissais déjà, baignée par le Danube encore timide.

C'était le temps de mai, ce mois sur cette terre est souvent chaud et il plaît alors aux femmes de se dévoiler davantage.

Un soir, après le séminaire, j'errai dans la petite ville, l'hôtel était sans distractions, hormis la lucarne satellitée. Qu'importait.

Dans le centre, je retrouve une de mes collègues allemandes. Elle remontait, je descendais. Il y avait dans ces gestes contraires comme un appel, ne trouvez-vous pas ?

Je lui proposais d'aller boire un verre, sans intention, j'avais envie d'une grande Allemande, au long col, riche en goût, amère et souveraine.

Nous nous sommes attablés, autour d'un houblon brassé par des Bavarois. Le soleil lentement déclinait, le vent était léger, la température clémente. Et nous sommes repartis.

Le lendemain, le séminaire à nouveau, un peu assommant.

Il y a du Christo en moi, de l'Arsène Lupin même, je lui proposais de s'échapper dans un complexe thermal d'eau de mer. Elle fut séduite, par l'idée, et nous partîmes en voiture sous un soleil délicat et complice.

Le complexe apparut, au détour de la forêt. J'ai souvent eu la chance de trouver des endroits hors du temps, de la vie et de son tumulte agaçant. Des endroits complices car propices.

En Allemagne, les vestiaires sont mixtes, c'était déjà comme une invite.

Elle était grande, blonde, très bronzée,les Allemand(e)s raffolent des U.V., les dermatologues s'enrichissent, les cimetières se remplissent mais les amants sont flattés de ces peaux jaunies, comme un parchemin précieux.

Elle était plus âgée que moi, très élégante, très soignée jusque dans son maillot de bien une pièce, assurément coûteux, les ongles des pieds peints, cela, je ne sais pourquoi, m'a toujours plu chez une femme.

Les piscines d'eau salée sont une invitation à l'embrasement des sens, il y règne une chaleur humide, une torpeur amoureuse, qui souvent font fléchir les femmes et stimulent l'ardeur masculine. J'étais son guide, je lui montrais le circuit, la grotte de sel, les différents bains, les piscines dont la salinité n'était jamais la même, et puis, nous nous sommes arrêtés dans une baignoire relaxante, où l'eau était plus froide. Nous étions encore collègues.

Et soudain, elle me vrilla de son regard, me transperçant. J'ai perdu instantanément tout mon Allemand, le désir malgré la fraîcheur de l'eau s'éveillait. Insensiblement, les clapotis nous rapprochaient.

Ma jambe a touché la sienne, elle ne n'est pas écartée et a même renforcé le contact, je lui ai répondu, évidemment, nous nous sommes rapprochés, les mains agrippées au rebord. Le baiser est venu profond, immédiatement, sans hésitation.

Je suis alors allé contre elle, tout contre elle, la coinçant contre le rebord, d'une de ses mains, elle m'a enserré, de l'autre, elle est allée fureter sur mon ventre, puis sur ma cuisse, puis plus haut, par l'ouverture du maillot. J'ai rarement eu un désir aussi violent, aussi vil, sauvage, salé, animal... Les femmes mûres animalisent l'homme, comme la si bien (d)écrit Stephen Vizinczey dans son Eloge des femmes mûres...

Elle se mit alors à jouer avec mon désir, tandis que je maudissais l'inventeur des maillots une pièce (au pal !!), mais finalement, trouvait la faille, fut surpris de trouver son humidité, que l'eau avait épargnée et même pas diluée... Les gestes devenaient plus forts, les souffles rauques... Deux animaux dans une piscine salée... Le sel est la première des épices, elle aussi, peut pimenter les amours, un peu de sel sur une faille charnelle et des lèvres pures masculines sont souvent un bel alliage... Enfin, je m'égare là...

Il a fallu s'arrêter, les autres baigneurs nous dévisageaient d'un sale oeil, celui du censeur.

Je l'ai laissée repartir seule, il a fallu du temps pour reprendre mes esprits et retrouver la platitude dans mon vêtement de bain...

Nous avons repris le chemin du séminaire, puis le séminaire, long et laborieux, jusqu'au soir, après le repas...

A suivre...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je n'avais pas lu le bouquin... mais l'idée que les femmes mures animalisent l'homme m'a fait monter le rouge lentement de la nuque jusqu'aux joues.

Belle histoire... je lirai la suite, je suis impatiente, déjà.

ps: laque rouge bordeaux, voilà la couleur que je m'applique à peindre au bout de mes petits petons... chaque semaine.

B

Savinien a dit…

@ Petite fr@nçaise : un livre à lire, écrit du point de vue masculin, où tout n'est que suggestion mais quel bel hommage à cette animalisation que seules les femmes mûres savent nous faire retrouver.

Laque rouge bordeaux ? Hum...

J'imagine... Je défaille...

Puis-je vous avouer qu'il s'agit de la couleur adaptée aux deux fruits qu'elle recouvre aimablement ?