lundi 18 août 2008

Jouissance orpheline

" ...Et que d'une fillette qui ajoute la nuit à l'oeuvre de sa main...
J'entends sonner dans les chambres solitaires
Le chant aigu..
."

Canti, Giacomo Leopardi.

Je me souviens de la première fois où elle m'a avoué s'être caressée en pensant à moi...

Elle m'a chanté, car c'était un chant souverain, sa toison perlée de désir humide, son corps frémissant, toutes ces images dans la tête, le corps tendu à se rompre et sa main qui, en un instant décisif, s'est perdue dans sa toison sauvage pour aller darder ce bourgeon gorgé de sang d'ondes salvatrices.

Elle m'a avoué son cri, léger, qui a percé l'après-midi comme une note de Richter le cristal berlinois.

Elle a pleuré cette jouissance forte mais tronquée.

Je lui ai cité ces mots d'avant, ces mots sur ces jouissances orphelines, qui ne sont qu'appel de l'amant éloigné.

Je songeais en lui parlant à cette jouissance orpheline. J'en savais le scénario, j'en connaissais les modalités. Combien de fois déjà au cours de nos ébats mes doigts s'étaient emparés de cette jouissance orpheline pour la tuer et la faire renaître partagée. J'ai vu, en un éclair, ses jambes s'agiter, ses lèvres se teinter d'un rouge carmin, son clitoris durcir comme un tison ardent. J'ai senti ses flux s'écouler, car, chez elle, le désir est eau. Je me suis enivré de son parfum poivré. Je me suis plongé dans ses yeux pour guetter le moment où tout bascule, où tout n'est plus qu'une fièvre qui s'allume.

J'ai été jaloux d'avoir été privé de ce moment.

J'ai été heureux de susciter en elle de tels moments.

Je lui ai dit mon amour, mon désir toujours plus grand, mes envies encore plurielles...

Elle n'a rien dit d'autre que la péroraison de ce chant aigu dont parlait le poète...

"Oh... Savinien..."

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci de votre passage chez moi. Curieusement, j'essaie aujourd'hui de décrire cette caresse et les mots ne viennent pas. Il ne faut pas se forcer dit-on. Je laisse donc mon ouvrage de côté pour lire le vôtre. Beau texte tout en délicatesse.

B

Savinien a dit…

Merci à vous de venir, ici, ma première lectrice, mon premier commentaire, cela me rend fébrile.

Il est délicat, ô combien d'écrire cette caresse.

Les mots ont leur vie, ils viendront. La vie trouve toujours son chemin.

A vous lire ici ou ailleurs.

Anonyme a dit…

Jouissance Personnelle en votre honneur certes sans votre regard

Mais n est ce pas déjà un sublime présent

Au plaisirs de vous relire

Savinien a dit…

Oui, vous avez mille fois raison, une jouissance orpheline... Un présent comme une offrande jetée sur un autel païen, âcre, primitive mais encore imparfaite.

Je vous raconterai Mdessens, un jour prochain, sa jouissance sous mon regard.

Heureux de lire vos mots sur ces palimpsestes, et avec l'espoir d'en lire d'autres.

priam a dit…

Quel plaisir de vous lire et vous relire.